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LA FARNESINA : RAPHAËL

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Suite de : LA FARNESINA : EXTERIEURS


Dans la deuxième pièce à droite de l'entrée, dite Loggia de Galathée, le peintre ombrien a peint cette superbe fresque dont le thème donne son nom à l'endroit. 


La néréide, dont la peau, son nom l'indique, est "blanche comme le lait", chevauche allègrement les flots, juchée sur une coquille aux accents botticelliens, joyeusement tirée par des dauphins rigolards qui semblent caracoler sur l'onde. 


Tout une troupe de putti, de tritons et de jeunes beautés entourent la fille de Nérée, tous animés de farouches intentions... que ce soit pour les uns de planter des flèches amoureuses dans le corps marmoréen de l'amante du berger Acis, de retenir les dauphins par les nageoires pour éviter qu'ils renversent leur prestigieuse passagère, ou enfin, de lutiner les suivantes de la belle pour les autres. 


D'autres peintres, dont Baldassarre Peruzzi, l'architecte, et Sebastiano del Piombo participèrent à la décoration de la salle. On doit au premier les fresques de la voûte qui décrivent minutieusement l'horoscope de Chigi, le maitre des lieux. Tandis que Sebastiano s'est employé, dans les neuf lunettes de la salle, à traiter les Métamorphoses d'Ovide.


Mais nous sommes là pour admirer Raphaël : en passant dans la loggia centrale, on en prend plein les mirettes !! L'endroit, ouvert sur le jardin par 5 larges arcades servait, au moment des réceptions, de lieu de rencontre et de salon donnant sur l'extérieur. Le commanditaire y voulu un programme iconographique de première ampleur. C'est donc sur ses ordres que le peintre y développa, avec un talent carrément jubilatoire tant le sujet devait lui inspirer de plaisir, la légende d'Amour et Psyché. Ce mythe était volontiers employé depuis le 15ème siècle pour illustrer les scènes matrimoniales. Rappelons-nous que Chigi installa ici sa belle Francesca, et s'apprtéait à l'épouser enfin quand, en 1518, il commanda ces décorations à Raphaël. Qui ne les réalisa pas seul, car le temps pressait et le banquier était impatient : le maître d'Urbino s'entoura pour l'occasion de la joyeuse troupe de ses amis les plus proches, Giovan Franceso Penni, Giulio Romano, Giovanni da Udine, entre autres. Seule la voûte a été décorée, les murs étant peints de niches feintes rajoutées ultérieurement. Les peintres avaient, c'est évident quand on regarde les gestes des protagonistes de scènes situées en hauteur, l'intention d'ajouter dans ces espaces d'autres scènes se rapportant au mythe de Psyché, mais ils n'en eurent pas le loisir. 


L'histoire de cette malheureuse Psyché, victime de la jalousie infernale de Vénus, qui ne supportait la beauté de cette charmante princesse, est fort édifiante. La déesse, verte de rage car on regardait plus Psyché qu'elle-même, décida de punir la jeune fille. 


Pour cela, elle demanda à son fils Cupidon de toucher d'une flèche l'être le plus repoussant qu'il pourrait trouver afin que la mortelle s'en éprit. Or l'affaire se retourna contre l'intrigante, et Cupidon séduisit la belle, lui faisant même un gosse au passage... la contraignant seulement à ne jamais voir son visage. 


Mais, trompée par d'autres jalouses qui convoitaient le beau Cupidon, elle enfreignit cette instruction et s'en retrouve bien marrie. La fresque narre ses efforts maladroits pour tenter de rattraper cette erreur fatale.


Elle va supplier Junon et Cérès qui refusent de l'aider à retrouver son mari - remarquez l'air profondément faux-cul de Junon, voile au vent, qui ouvre les mains d'un air de dire "Mais que veux-tu qu'on y fasse ma pauvre fille ?" - ...



... puis, ayant obtenu de Zeus une sorte de probatoire (comment ne pas craquer devant un aussi joli minois ? et quand on connait Zeus, pas étonnant qu'il ait fait preuve d'indulgence !), elle affronte une série d'épreuves dont je vous fais grâce. Pendant ce temps Cupidon se languit de la belle et finit par aller demander l'aide de Zeus pour amadouer sa mère et retrouver Psyché. 


Mercure s'en mêle, aide la jolie mortelle dans ses démarches ...


... et cette dernière, triomphante, rapporte à son exigeante belle-mère qui avait dicté les épreuves à subir, un fragment de la beauté de Perséphone, la reine des enfers. Elle n'est pas au bout de ses peines, car succombant à la curiosité, elle entrouvre le vase où se niche ce précieux trésor, pensant reconquérir Cupidon si elle-même se sert avant de donner l'urne à Vénus. Las, elle tombe dans un profond sommeil, très proche de la mort. 


Après de multiples mésaventures, Cupidon finit par obtenir l'autorisation de la réveiller d'un baiser puis d'épouser la jolie mortelle, qui, grâce à l’absorption d'une coupe d'ambroisie offerte par Junon (ici c'est plutôt Mercure qui la lui donne, à droite, pendant que Junon s'entremet pour Cupidon), devient à son tour immortelle et met au monde une charmante gamine, prénommée ... Volupté.  

La troupe de Raphaël s'éclate complètement à raconter en images cette histoire effrayante, féerique et morale, et le cycle de fresques que nous admirons aujourd'hui, admirablement restaurées et superbement éclairées à la lumière naturelle, montre des pinceaux allègres, des palettes euphoriques : la griserie à peindre des artistes est palpable ! 


Les guirlandes de fleurs et de fruits qui encadrent les scènes du récit mythologiques mériteraient à elles seules de longues heures de contemplation, tant elles sont inventives et variées. C'est un vrai cours de botanique et d'art floral !!


Enfin, entre ces festons et partout tout autour de la pièce, dans les écoinçons, dans les lunettes, différents épisodes mythologiques, inspirés en particulier de l'âne d'or d'Apulée, vous mettent les cervicales à mal mais l’œil en joie !


A SUIVRE : 

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