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Channel: Bon sens et Déraison
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OPERAS DE L'ÉTÉ EN POITOU CHARENTES : NABUCCO à SANXAY, ET DON GIOVANNI

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Le cadre champêtre du Château de Panloy, avec, en avant-spectacle, le balayage de la scène : il faisait ce jour-là un temps de chien (rien que de très normal en ce mois d’août 2014)

On ne peut pas toujours s'offrir Aix en Provence et le Théâtre de l’Archevêché. Heureusement il existe, ailleurs que dans le Sud, des initiatives originales qui permettent de faire découvrir l'Opéra à tous ! La preuve ? Nos deux sites qui, chaque été, proposent pour des prix d'une douceur incroyable, des réalisations d'une qualité tout à fait surprenante.
Le premier est le Château de Panloy, près de Saintes, où, depuis 2009, la Westminster Opera Co. propose pour ... 25 euros la place, une très jolie mise en scène d'un opéra monté par une jeune troupe pleine d'allant. Le créateur de cette troupe est Guy Hopkins a été, avant de fonder sa compagnie, le directeur du Conservatoire de Westminster School, puis le chef associé du Camden Chamber Orchestra qu'il a quitté pour se consacrer à la Westminster Opera Co. L'objet de cette troupe, basée à Londres, est de fournir à de jeunes artistes, étudiants avancés ou chanteurs débutants, une occasion de se lancer sur une scène et de participer à un spectacle de qualité, quoique simplifié. Après deux semaines de répétition à Londre, la troupe vient passer une semaine en résidence au Château de Panloy et peaufine son spectacle avant de se produire durant deux soirées en plein air, dans la cour du Château. C'est ainsi qu'ont été donné Acis et Galathée en 2009, Cosi fan tutte en 2010, Don Pasquale en 2011, Le Barbier de Séville en 2012 et Didon et Enée en 2013. Cette année c'était Don Giovanni et - je devrais dire enfin !! il nous a fallu 5 ans pour découvrir ce festival et l'an dernier nous l'avons raté de peu - nous y étions.

Non, non, ce n'est pas nous : mais admirez au passage la collection de flûtes à champagne !!

L'ambiance très "pique-nique à la campagne"était d'autant plus british que la manifestation attire, c'est naturel, tous les anglais du voisinage, et ils sont nombreux ! L'opéra était accompagné par un petit orchestre de chambre, deux violons, une flûte, une clarinette etc... composé de tous jeunes instrumentistes, parfois un peu imprécis mais dirigés avec attention par Guy Hopkins. La mise en scène, qui devait composer avec des chanteurs pas encore aguerris et surtout préoccupés de leur prestation vocale, était agréable et certains jouaient avec aisance (en particulier Don Juan et son complice Leporello). Les voix quant à elles étaient justes, la prononciation irréprochable et l'ampleur tout à fait convenable dans cette difficile gageure qu'est l'extérieur sans amplification. Certains étaient même tout à fait bons : Nicholas Morris campait un Don Juan très convaincant, Dominic Bowe n'était pas déplacé en Masetto, Lancelot Nomura jouait fort bien Leporello. Chez les fillesHannah Sawle était une Zerline tout à fait charmante, Susan Jiwey, quoique très convenable, manquait un peu de caractère pour interpréter une donna Elvira dont le rôle est proprement écrasant. Par contre, Seljan Nasibli, juste un peu statique, chantait admirablement Donna Anna et sa tessiture était parfaite pour le rôle.
Dans l'ensemble, la première partie était bien meilleure car, après l'entracte,  les chanteurs étaient fatigués : l'opéra choisi était sans doute trop ambitieux, trop difficile et trop long pour une jeune troupe, fut-elle prometteuse, et le projet de monter l'an prochain Gianni Schischi, opéra en un acte qui dure environ 45 minutes est certainement nettement plus raisonnable. Une initiative très sympathique qui mérite largement d'être suivie, soutenue et promue ! 

Bon, ça penche un peu, mais quel pique-nique mes amis !!

C’est dans le cadre du programme "Défi-Jeunes" que Christophe Blugeon, l’actuel directeur artistique du festival, fit naitre le projet de réanimation du théâtre gallo-romain de Sanxay. Séduit par le charme évident de ce théâtre et par son acoustique exceptionnelle, il décide d’y programmer, chaque été, des opéras du grand répertoire. Depuis Rigoletto, en 2000, ce sont 12 opéras qui ont déjà été montés dans le théâtre antique : Carmen, La Traviata, Tosca, La Bohème... et j'en passe. 100 000 spectaeurs depuis la création du festival, et la 3ème place en terme d'opéra d'été !! Après Aix et Orange, pas mal, non ??



Cette année, c'est le drame Nabuchodonosor d’Auguste Anicet-Bourgeois mis en musique par Verdi sous le nom de Nabucco qui était représenté, et, là encore, nous étions de la fête. 


Une vraie et superbe fête, et ceux qui auraient l'occasion d'aller à l'une des deux prochaines représentations, les 11 et 13 août, ne doivent surtout pas hésiter : c'est une très belle production, réussie sous tous rapports. La mise en scène (Agostino Taboga) est très belle, pas du tout bricolée : quoique statique (mais comment faire autrement avec ce livret, et ces chœurs omniprésents), les décors sont beaux, les éclairages savants (Andrea Tocchio / Maria Rossi Franchi) , les costumes somptueux (Shizuko Omachi), et le parti-pris de proposer des "tableaux" vivants est vraiment une excellente idée.


Un spectacle de très bon goût, de bout en bout (la seule toute petite, minuscule, faute de goût était sans doute de faire agiter quelques rameaux aux choristes, pas franchement à l'aise !!). La distribution était tout aussi convaincante : la moldave Elena Cassian (Ferena) avait une voix pleine et chaude ; Ievgen Orlov, l'ukrainien, campait un Zaccaria aux basses vibrantes ; Luca Lombardo, qui fit ses premières études de chant à Trévise, enfin, interprétait un Ismaël sans reproche.


Le rôle titre était tenu par Albert Gazale : s'il mit un peu de temps à "chauffer" sa voix, il était très présent pour jouer Nabucco, plus à l'aise cependant dans les scènes "intérieures" que dans les airs de bravoure. Dans cette distribution de qualité, la palme revenait sans conteste à la napolitaine Anna Pirozzi, tout simplement parfaite en Abigaille : puissance, velouté, finesse de la modulation, elle est vraiment la diva du spectacle et lui donne une vraie dimension lyrique.


Les choeurs, comme souvent à Sanxay, étaient parfaits : bien préparés, précis et amples, ils donnaient au spectacle toute son ampleur et sa juste valeur. La direction, enfin, était d'une qualité remarquable : Eric Hull, un canadien qui fait une superbe carrière en Europe et particulièrement en Italie et en Allemagne, était d'une précision, d'une délicatesse, d'un "doigté" vraiment sensationnels. Il allège la partition de Verdi, lui donne un relief très particulier, tout en finesse, et mettant admirablement tous les solistes en valeur. Ses finales sont, parfois, totalement magiques. : écoutées dans un silence religieux par 2200 spectateurs qui retenaient leur souffle, elles avaient quelque chose de rare ! De poignant même quand on remet la partition dans un contexte malheureusement trop actuel.



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