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MUSÉE DE ROUEN : LE DÉBUT DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

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Une salle de dimensions modestes inaugure la visite du musée de Rouen mais elle renferme quelques chefs d'oeuvre de premier plan.


Tout d'abord, cette superbe prédelle du Pérugin, issue d'un vaste polyptyque commandé en 1495 par les bénédictins de Saint Pierre de Perugia, où l'Adoration des Mages (à gauche) et le Baptême du Christ (à droite) encadrent une Résurrection aux accents mantegnesques.


Parfaitement émancipée de ses maîtres Verrocchio et Piero Della Francesca (voir à titre de comparaison une oeuvre de jeunesse à la fin de l'article), cette Adoration présente tous les éléments d'une mise en scène à l'élégance toute Renaissante, le déhanchement des personnages, leurs poses distinguées, leurs silhouettes élancées s'alliant au raffinement des objets et des animaux qui contemplent la scène.



La Résurrection s'inspire, comme je le disais plus haut, du modèle de Mantegna (voir en fin d'article la prédelle du polyptyque San Zeno qui est à Tours), tout en réinterprétant le modèle. Les soldats dorment paisiblement et la scène est dédramatisée, plus statique et manifestant avec une évidence sans pathos le miracle qui est en train de s'accomplir. Rien de la stupéfaction un peu désordonnée mais ô combien évocatrice de la soldatesque abasourdie dans cette scène où le raccourci est devenu naturel mais où l'ambiance est un peu convenue.


Par contre, la haute silhouette du Christ juché sur son sépulcre posé perpendiculairement par rapport au spectateur, apporte à la composition une verticalité intéressante qui renouvelle le schéma du maître de Mantoue. Alors que chez ce dernier la verticalité du Christ était accentuée par la présence du rocher, ici le paysage se dégage librement derrière le Ressuscité, qui se détache au centre d'un "v" vallonné, s'ouvrant largement sur l'horizon du lac de Trasimène. La scène acquiert ainsi une légèreté qui la dépouille définitivement de tout accent tragique, l'Espoir domine.


Placé dans une vitrine à peu de distance du Pérugin, ce Christ anonyme mais néanmoins superbe, rappelle quant à lui l'inoubliable Christ Nu de Michel-Ange de l'Eglise Santo Spirito de Florence (voir aussi en fin d'article). Même raffinement gracile, émouvant et poignant, même souffrance juvénile qui fait jaillir de cet corps écartelé un message toujours vibrant de foi. Le choix de Michel-Ange, et qui connut un vif succès en cette fin de XVème siècle, s'appuyait sur l'idée néo-platonicienne de Savonarole selon laquelle la perfection et la beauté de l’âme se reflète dans le corps physique. Savonarole possédait d’ailleurs dans sa cellule un crucifix  inspiré de celui de l'artiste. Michel-Ange propose de renouer avec l’idéal grec de la période hellénistique en présentant un corps fluide, sensible et gracieux, à l'opposé d'une représentation athlétique. Aucune indécence dans la nudité du Christ, qui est en quelque sorte habillé de sa seule grâce divine. Cette silhouette calme, paisible et sereine donne l'impression d'un corps endormi, non souffrant.


L'autre pièce remarquable de cette salle des primitifs rouennaise est cette délicieuse céramique d'Andréa Della Robbia, scène traditionnelle et néanmoins efficace d'adoration de l'Enfant par sa Mère. On sourit toujours en regardant de telles oeuvresn Della Robbia est un artiste du bonheur maternel.

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Œuvres citées dans l'article :

Perugino Adoration des Mages entre 1470-1476
Galerie Nationale d'Ombrie, photo prise sur le net

Résurrection de Mantegna à Tours



Crucifix de Santo Spirito (Michel Ange) photo prise sur le net


A SUIVRE

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