Dessinée par le cours du fleuve homonyme, c’est une vallée classique, harmonieusement enserrée d’arêtes montagneuses. Le Marecchia naît de quelques gouttes d'eau jaillissant dans un pré du mont de la Zucca, non loin de la source du Tibre, dans la région voisine de la Toscane ; il descend vers la mer avec une force torrentielle puis gagne le Montefeltro romagnol, frise la République de Saint-Marin et se jette en Romagne, dans une Rimini qui en a dévié l’embouchure pour préserver la tranquillité des eaux de son port. Le regard effleure de douces collines d’argile avant de se heurter inopinément à des éperons de grès qui dominent les rives du torrent. Ces reliefs ne sont pas autochtones mais se sont formés consécutivement à la coulée du Marecchia, celle-ci les ayant amenés, comme des plates-formes, de la zone tyrrhénienne jusqu’à ces argiles, qui, dans l’Antiquité, étaient bordées par la mer.
Voici Verucchio, Torriana et Montebello, le mont Titano avec son ancienne République, San Léo.... Hérissée de rochers à pic, donc imprenables, pour sauvegarder les forteresses qui les dominent, cette terre a cependant été soumise à la malédiction de se trouver sur la frontière entre les seigneurs de Rimini et ceux d'Urbino.
Les Malatesta, avant de gagner Rimini, avaient été les seigneurs de Verucchio et de Pennabilli. Pendant plusieurs siècles, cette terre frontière a ainsi été dotée de fortifications et d'embastillements. Elle offre aujourd’hui des architectures militaires et défensives uniques, comme celles de San Leo, ou de San Marino, mais aussi Sant’Agata Feltria, Pennabilli, Gattara, Casteldelci, PetrellaGuidi, Maciano, Talamello, Maioletto, Pietracuta, Saiano, Torriana, Montebello, Poggio Berni, Verucchio et Santarcangelo di Romagna. Ce riche patrimoine monumental et artistique est une vraie merveille. Car la nature y joue un rôle de premier plan : tout d’abord le fleuve, avec sa vaste étendue de pierres et ses «plages», où, pour employer des paroles du poète Tonino Guerra, l’on retrouve “l’enfance du monde”. Puis les campagnes et, plus haut, les bois, qui regorgent de produits de qualité tels que les truffes et les champignons, qui parfument la cuisine locale, protagonistes des foires saisonnières qui leur sont consacrées.
La haute vallée du Marecchia est l’ancien cœur du Montefeltro: destination et lieu de séjour d’hommes illustres dès l’Antiquité, de Dante à saint François, de Giotto à Othon Ier, de Cagliostro à Felice Orsini, de Uguccione della Faggiola, de Sigismondo Pandolfo Malatesta à Frédéric de Montefeltro, du pape Clément XIV aux nombreux poètes de l’école de Santarcangelo, dont Raffaello Baldini et Tonino Guerra.
A ce que ce dernier appelle un “Musée diffus”, s’ajoute la nature, au paysage étonnant et généreux. Des montagnes à la mer et de la mer aux Apennins, le paysage ravit et séduit le regard, offrant des sites surprenants tels que le Parc naturel du Sasso Simone et Simoncello, abritant l'une des chênaies les plus vastes d'Italie. Voici les quelques bourgades que nous y avons parcourues.
Santarcangelo di Romagna
Renommée pour être la ville natale de nombreux intellectuels et artistes, dont des poètes et des réalisateurs de réputation internationale (comme Tonino Guerra), elle a également donné le jour au pape Clément XIV (Ganganelli), auquel plusieurs monuments sont dédiés.
Entre placettes et ruelles suggestives, son centre historique est dominé par la forteresse des Malatesta, famille qui gouverna la ville à partir du XIIIe siècle. Les seigneurs de Rimini l'agrandirent et l’embellirent : du XVIIe au XIXe siècle, le bourg se développa en préservant toute son harmonie urbaine.
Son ancien nom de “Scorticata” (écorchée), mentionné dans des documents dès 1141, nous permet vite de comprendre la conformation géologique des terres qui abritèrent ce château, à l’instar de celles de Montebello, toutes proches. Ce sont deux des éperons rocheux de la vallée du Marecchia, qui, à une ère géologique lointaine, sont arrivés de la zone tyrrhénienne pour se stabiliser sur les bords du fleuve, offrant aujourd’hui un admirable paysage.
Le Moyen Age y a vu la construction des imprenables forteresses de Scorticata et de Montebello et les siècles suivants la création des bourgs, des fortifications et des châteaux qui ont vécu la splendeur de la seigneurie des Malatesta ainsi que les batailles avec la famille des Montefeltro, justifiées par l’importance de posséder des points aussi stratégiques pour la défense du territoire. Les deux bourgs ont connu des sorts différents: Torriana, ainsi appelée depuis 1938, a subi des transformations architecturales et institutionnelles, devenant chef-lieu de la commune, alors que Montebello est restée la même, nous livrant son histoire, son charme et son mystère.
Bien que remaniée au XXe s., la forteresse malatestienne du XVe s. de Torriana, propriété successive des Borgia et des Médicis, reste le cadre, selon certains, de l’assassinat de Gianciotto Malatesta, tristement célèbre pour être l’auteur du meurtre des célèbres amants, sa femme Francesca et son frère Paolo.
Le petit centre médiéval de Montebello, dont le nom est confirmé par la beauté de son village et de son château millénaire, cadre de la légende du fantôme d’Azzurrina, ne reste accessible que par une seule route, traversant une porte fortifiée qui révèle de splendides atmosphères d’antan.
Dans le territoire de Torriana, on peut gagner à pieds le ravissant sanctuaire de Notre-Dame de Saiano où est vénérée une miraculeuse Vierge du Rosaire du XVe siècle à laquelle s'adressent les femmes sur le point d'accoucher.
Elle attire le regard de loin, de la mer et de la plaine, fascinante pour sa position sur les premiers éperons rocheux à courte distance de la côte et pour le profil de ses architectures qui se découpent sur le ciel. Capitale malatestienne, c'est de sa forteresse, encore imposante, que débuta la prestigieuse histoire de la famille, basée sur d’audacieuses conquêtes et de fructueuses alliances. C’est ici que vécut Mastin Vecchio, le Malatesta centenaire considéré comme l’un des premiers ascendants de la famille, cité par Dante dans sa Comédie. C’est pour ce motif que Verucchio est traditionnellement définie comme le “Berceau des Malatesta”, témoignage du lien qui unissait la seigneurie à ce château, dont elle fut la propriétaire pour plus de trois cents ans, dès 1100. C’est d’ici que naquit sa puissance, sa domination permettant la consolidation des structures défensives et le développement du petit bourg qui s’est enrichi d’édifices sacrés et d'ouvrages civils.
L’évidente structure médiévale du petit centre confirme le rôle joué par ses seigneurs dans la croissance de ce lieu. Bien avant les Malatesta, Verucchio connut une période de considérable importance. Elle accueillit en effet, du IXe au VIIe s. av. J.-C., la grande civilisation villanovienne (qu’il serait plus exact de définir comme villanovienne de Verucchio), du nom de ses habitants, les Villanoviens, précurseurs des Etrusques. Les nombreuses, voire récentes, campagnes de fouilles ont mis au jour des nécropoles et des établissements, révélant de rares et extraordinaires objets, d’une valeur incomparable. Il s’agit de bijoux d’or et d’ambre, de mobilier, d’armes et d’instruments qui sont réunis auprès du Musée Civique Archéologique, structure de niveau international aménagée dans l’ancien monastère des Augustins (1).
Le peuple précurseur des Etrusques
Du Xe au VIIe s. av. J.-C., Verucchio abrita une florissante communauté de la civilisation dite villanovienne, du nom du lieu, Villanova (Bologne), dans lequel le chercheur Gozzadini trouva une première nécropole en 1858. A Verucchio, les premières découvertes remontent à 1613, ces témoignages ayant été systématiquement collectés au cours des années lors de plusieurs campagnes de fouilles, et ce, jusqu’en 2009: non seulement de nombreuses nécropoles, se différenciant par leurs aspects topographiques, leur rite funèbre et leur trousseau funéraire, mais aussi une Aire sacrée (avec puits votif) et des emplacements avec cabanes et fours à briques. Selon de nombreux chercheurs, la particularité des pièces, d’une rare beauté et d’une inestimable valeur historique et archéologique, laisserait supposer qu’elles sont caractéristiques de la phase la plus ancienne de la civilisation étrusque, bien que d’autres, pour cela, parlent d’une véritable Civilisation de Verucchio. Les centaines de tombes ont en effet livré des pièces de grande valeur, ayant appartenu à des hommes et à des femmes qui exerçaient sûrement un certain pouvoir sur le territoire environnant: on le déduit des inhumations princières dont les trousseaux funèbres présentent des bijoux en or et ambre très raffinés. L’ambre, très précieuse, provenait des régions lointaines de la mer Baltique; elle était considérée comme thérapeutique et utilisée comme un don pour les personnages de haut rang. Parmi les pièces, de rares trônes en bois sculpté, des vêtements en laine et en coton, au tissage et aux teintes exquis, mais encore, armes, boucliers, heaumes, sculptures en bronze, meubles en bois tels que tables et tabourets appuie-pieds, céramiques, harnais et fragments de chars.
Le Musée Civique Archéologique, aménagé dans l’ancien couvent des Augustins, est le gardien de ces exceptionnelles découvertes, surprenantes de par leur quantité et la qualité des matériaux exposés, offrant parallèlement une lecture claire et précise des usages, des coutumes, des commerces et des technologies sophistiquées apprises par un peuple qui avait atteint un haut degré de civilisation. Le projet d’un Parc archéologique, reliant le musée, les fouilles et la forteresse, est actuellement à l’étude. Un parcours conduira les visiteurs sur le site des tombes les plus importantes, selon un itinéraire didactique équipé de technologies multimédia de pointe; les terrains entourant l’ancienne nécropole abriteront un village villanovien avec sa vigne (les tombes contenaient de nombreux pépins de raisin, témoignant de la plus ancienne production vitivinicole locale), une culture typique et un élevage didactique.
(2) La ville de San Leo est liée à un personnage, mi-guérisseur mi sorcier, mi-hérétique mi-maçon, mi-alchimiste mi-escroc, qui, dans la capitale du Montefeltro, vécut de sombres années, emprisonné par la Sainte Inquisition sous une accusation d’hérésie, malgré ses abjurations et son repentir.
C'est le château qui est surtout lié, depuis l’époque de sa réclusion, de 1791 à sa mort, en 1795, à Giuseppe Balsamo, comte de Cagliostro, né à Palerme en 1742. Frédéric de Montefeltro n’aurait jamais imaginé que sa magnifique demeure, redessinée en pleine Renaissance par le grand architecte siennois Francesco di Giorgio Martini, devienne célèbre grâce à Cagliostro. Mais l'histoire joue bien des tours et peu importe alors la véritable identité de Cagliostro. Car ce phénomène a fini par prendre des proportions incroyables, tant en Italie que dans le monde. Il convient toutefois de laisser à ce personnage toute son indétermination, comme au siècle des lumières, se limitant à citer des auteurs tels que Dumas, Schiller ou Tolstoï, qui s’en inspirèrent pour des personnages de leurs romans. Goethe écrivit qu’il fallait “considérer Cagliostro comme une canaille et ses aventures comme des impostures” alors que le Vénitien Casanova le définit comme “un génie fainéant qui préfère une vie de vagabond à une existence laborieuse”.
En attendant, le rôle du sicilien a toujours été entouré de mystère, à l’instar de sa vie, de sa mort et de la disparition de son cadavre après sa sépulture, à quelques pas de la forteresse. Énigme alimentée par les auteurs d’écrits le concernant, par ses disciples et par ceux qui, aujourd’hui encore, déposent un bouquet de roses rouges sur le grabat en bois de sa cellule. Une cellule dite “Pozzetto” (puits), autrefois sans entrée, à l'exception d'un petit trou de passage pour la nourriture et d’une seule ouverture vers l'extérieur, à grilles superposées, avec vue obligée sur la cathédrale et sur l’église. Il fut l’auteur de faits excellents, dépendant de la bienveillance de nobles, voire de rois et de reines, mais aussi la victime de pièges qui entraînèrent sa chute. Il a laissé une empreinte tout à fait personnelle à la franc-maçonnerie, interprétant et appliquant la doctrine selon le credo de la secte de rite égyptien, dont il était le fondateur et le Grand Maître. Un fils insolite de l'illuminisme, dont il n'avait pas beaucoup appris, en termes de rigueur scientifique et philosophique, mais dont il avait fait sien le cosmopolitisme.
Texte inspiré et documenté grâce au guide "Malatesta et Montefeltro : Voyage dans les collines de Rimini"édité par l'office du tourisme de Rimini.
Le Moyen Age y a vu la construction des imprenables forteresses de Scorticata et de Montebello et les siècles suivants la création des bourgs, des fortifications et des châteaux qui ont vécu la splendeur de la seigneurie des Malatesta ainsi que les batailles avec la famille des Montefeltro, justifiées par l’importance de posséder des points aussi stratégiques pour la défense du territoire. Les deux bourgs ont connu des sorts différents: Torriana, ainsi appelée depuis 1938, a subi des transformations architecturales et institutionnelles, devenant chef-lieu de la commune, alors que Montebello est restée la même, nous livrant son histoire, son charme et son mystère.
Bien que remaniée au XXe s., la forteresse malatestienne du XVe s. de Torriana, propriété successive des Borgia et des Médicis, reste le cadre, selon certains, de l’assassinat de Gianciotto Malatesta, tristement célèbre pour être l’auteur du meurtre des célèbres amants, sa femme Francesca et son frère Paolo.
Le petit centre médiéval de Montebello, dont le nom est confirmé par la beauté de son village et de son château millénaire, cadre de la légende du fantôme d’Azzurrina, ne reste accessible que par une seule route, traversant une porte fortifiée qui révèle de splendides atmosphères d’antan.
Notre-Dame de Saiano
Dominant, depuis son petit éperon rocheux, les eaux du fleuve Marecchia, il se compose seulement d'une tour cylindrique aux formes byzantines et d'une chapelle qui doit sa récente restauration à l'appui du poète Tonino Guerra qui l'a dotée d'une belle porte en bronze réalisée par son ami Arnoldo Pomodoro, surnommée "porte qui recueille les couchers de soleil".
Elle attire le regard de loin, de la mer et de la plaine, fascinante pour sa position sur les premiers éperons rocheux à courte distance de la côte et pour le profil de ses architectures qui se découpent sur le ciel. Capitale malatestienne, c'est de sa forteresse, encore imposante, que débuta la prestigieuse histoire de la famille, basée sur d’audacieuses conquêtes et de fructueuses alliances. C’est ici que vécut Mastin Vecchio, le Malatesta centenaire considéré comme l’un des premiers ascendants de la famille, cité par Dante dans sa Comédie. C’est pour ce motif que Verucchio est traditionnellement définie comme le “Berceau des Malatesta”, témoignage du lien qui unissait la seigneurie à ce château, dont elle fut la propriétaire pour plus de trois cents ans, dès 1100. C’est d’ici que naquit sa puissance, sa domination permettant la consolidation des structures défensives et le développement du petit bourg qui s’est enrichi d’édifices sacrés et d'ouvrages civils.
L’évidente structure médiévale du petit centre confirme le rôle joué par ses seigneurs dans la croissance de ce lieu. Bien avant les Malatesta, Verucchio connut une période de considérable importance. Elle accueillit en effet, du IXe au VIIe s. av. J.-C., la grande civilisation villanovienne (qu’il serait plus exact de définir comme villanovienne de Verucchio), du nom de ses habitants, les Villanoviens, précurseurs des Etrusques. Les nombreuses, voire récentes, campagnes de fouilles ont mis au jour des nécropoles et des établissements, révélant de rares et extraordinaires objets, d’une valeur incomparable. Il s’agit de bijoux d’or et d’ambre, de mobilier, d’armes et d’instruments qui sont réunis auprès du Musée Civique Archéologique, structure de niveau international aménagée dans l’ancien monastère des Augustins (1).
San Léo
(1) Ce musée présente une importance internationale, tant pour la rareté que pour la qualité esthétique et la quantité des pièces qu’il conserve, provenant de fouilles effectuées dans les nécropoles locales datant du Premier âge du fer. Les pièces retrouvées dans les tombes sont datables du XIe au VIIe s. av. J.-C. Elles se composent d'urnes cinéraires raffinées, avec leur trousseau de bijoux en or et en ambre, d’objets et de mobiliers uniques quant à leur style et à leur qualité de conservation. Il s'agit d’armes, de heaumes, de ceintures, de céramiques, d’objets d’usage courant en bois et en fibres végétales, d’habits en laine et en coton colorés, d'offrandes de nourriture.San Léo, citée par Dante Alighieri dans la Divine Comédie, est la clef de voûte de la région historique du Montefeltro, région à laquelle elle a donné son nom. Célèbre pour ses événements historiques et géopolitiques, l’extraordinaire conformation du lieu, un imposant rocher aux parois à pic, en a déterminé, dès l’époque préhistorique, la double valeur militaire et religieuse.
La ville s’appelait Monte Feltro, de Mons Feretrus, nom lié à l’important établissement romain créé autour du temple dédié à Jupiter Feretrio (Jupiter Feretrius). Les Romains construisirent une fortification en son point le plus élevé dès le III s. av. J.-C. La période paléochrétienne (IIe s. apr. J.-C.) se caractérise par la christianisation du lieu due à l’arrivée de Léon et de Marin, deux tailleurs de pierres dalmates qui y fondèrent une communauté chrétienne, favorisant la diffusion du christianisme dans toute la région, jusqu’à la naissance du diocèse de Montefeltro.
Léon est considéré comme le premier évêque de la circonscription et c’est à lui que l’on doit la construction du sanctuaire original sur lequel, à l’époque carolingienne, fut édifiée l’église paroissiale, modernisée à l’ère pré-romane.
C’est après le VIIe s. que fut construite la cathédrale, dédiée au culte de saint Léon. Elle fut rénovée en 1173, prenant des formes romano-lombardes, et unie au puissant beffroi d’origine byzantine. Au XIIe s., la civitas Sanctis Leonis comprenait déjà le palais de l’Evêché, la résidence des chanoines et d’autres édifices voulus par les seigneurs Montefeltro.
Venus de la Carpegna voisine, ces derniers s’y étaient établis vers la moitié du XIIe s., tirant leur nom de l’ancienne cité-forteresse de Montefeltro-San Léo. La ville avait été la capitale d’Italie, depuis 962, sous le règne de Bérenger II.
De nos jours, l’admirable centre historique a préservé toute sa beauté et toute sa rigueur, offrant d’anciennes constructions romanes telles que l’église paroissiale, la cathédrale et la tour, et de nombreux édifices Renaissance, comme le palais médicéen, siège de l’élégant Musée d'art sacré, la résidence des comtes Severini-Nardini et le palais Délia Rovere, siège de la mairie.
La place centrale est dédiée à Dante, qui y fut accueilli à l’instar de saint François, ce dernier y ayant reçu en don, de la part du comte de Chiusi, le mont de la Verna. La forteresse de Francesco di Giorgio Martini, sur la pointe la plus élevée du rocher, fut la prison de Giuseppe Balsamo, connu comme comte de Cagliostro, de 1791 à sa mort, en 1795.(2)
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Le peuple précurseur des Etrusques
Du Xe au VIIe s. av. J.-C., Verucchio abrita une florissante communauté de la civilisation dite villanovienne, du nom du lieu, Villanova (Bologne), dans lequel le chercheur Gozzadini trouva une première nécropole en 1858. A Verucchio, les premières découvertes remontent à 1613, ces témoignages ayant été systématiquement collectés au cours des années lors de plusieurs campagnes de fouilles, et ce, jusqu’en 2009: non seulement de nombreuses nécropoles, se différenciant par leurs aspects topographiques, leur rite funèbre et leur trousseau funéraire, mais aussi une Aire sacrée (avec puits votif) et des emplacements avec cabanes et fours à briques. Selon de nombreux chercheurs, la particularité des pièces, d’une rare beauté et d’une inestimable valeur historique et archéologique, laisserait supposer qu’elles sont caractéristiques de la phase la plus ancienne de la civilisation étrusque, bien que d’autres, pour cela, parlent d’une véritable Civilisation de Verucchio. Les centaines de tombes ont en effet livré des pièces de grande valeur, ayant appartenu à des hommes et à des femmes qui exerçaient sûrement un certain pouvoir sur le territoire environnant: on le déduit des inhumations princières dont les trousseaux funèbres présentent des bijoux en or et ambre très raffinés. L’ambre, très précieuse, provenait des régions lointaines de la mer Baltique; elle était considérée comme thérapeutique et utilisée comme un don pour les personnages de haut rang. Parmi les pièces, de rares trônes en bois sculpté, des vêtements en laine et en coton, au tissage et aux teintes exquis, mais encore, armes, boucliers, heaumes, sculptures en bronze, meubles en bois tels que tables et tabourets appuie-pieds, céramiques, harnais et fragments de chars.
Le Musée Civique Archéologique, aménagé dans l’ancien couvent des Augustins, est le gardien de ces exceptionnelles découvertes, surprenantes de par leur quantité et la qualité des matériaux exposés, offrant parallèlement une lecture claire et précise des usages, des coutumes, des commerces et des technologies sophistiquées apprises par un peuple qui avait atteint un haut degré de civilisation. Le projet d’un Parc archéologique, reliant le musée, les fouilles et la forteresse, est actuellement à l’étude. Un parcours conduira les visiteurs sur le site des tombes les plus importantes, selon un itinéraire didactique équipé de technologies multimédia de pointe; les terrains entourant l’ancienne nécropole abriteront un village villanovien avec sa vigne (les tombes contenaient de nombreux pépins de raisin, témoignant de la plus ancienne production vitivinicole locale), une culture typique et un élevage didactique.
(2) La ville de San Leo est liée à un personnage, mi-guérisseur mi sorcier, mi-hérétique mi-maçon, mi-alchimiste mi-escroc, qui, dans la capitale du Montefeltro, vécut de sombres années, emprisonné par la Sainte Inquisition sous une accusation d’hérésie, malgré ses abjurations et son repentir.
C'est le château qui est surtout lié, depuis l’époque de sa réclusion, de 1791 à sa mort, en 1795, à Giuseppe Balsamo, comte de Cagliostro, né à Palerme en 1742. Frédéric de Montefeltro n’aurait jamais imaginé que sa magnifique demeure, redessinée en pleine Renaissance par le grand architecte siennois Francesco di Giorgio Martini, devienne célèbre grâce à Cagliostro. Mais l'histoire joue bien des tours et peu importe alors la véritable identité de Cagliostro. Car ce phénomène a fini par prendre des proportions incroyables, tant en Italie que dans le monde. Il convient toutefois de laisser à ce personnage toute son indétermination, comme au siècle des lumières, se limitant à citer des auteurs tels que Dumas, Schiller ou Tolstoï, qui s’en inspirèrent pour des personnages de leurs romans. Goethe écrivit qu’il fallait “considérer Cagliostro comme une canaille et ses aventures comme des impostures” alors que le Vénitien Casanova le définit comme “un génie fainéant qui préfère une vie de vagabond à une existence laborieuse”.
En attendant, le rôle du sicilien a toujours été entouré de mystère, à l’instar de sa vie, de sa mort et de la disparition de son cadavre après sa sépulture, à quelques pas de la forteresse. Énigme alimentée par les auteurs d’écrits le concernant, par ses disciples et par ceux qui, aujourd’hui encore, déposent un bouquet de roses rouges sur le grabat en bois de sa cellule. Une cellule dite “Pozzetto” (puits), autrefois sans entrée, à l'exception d'un petit trou de passage pour la nourriture et d’une seule ouverture vers l'extérieur, à grilles superposées, avec vue obligée sur la cathédrale et sur l’église. Il fut l’auteur de faits excellents, dépendant de la bienveillance de nobles, voire de rois et de reines, mais aussi la victime de pièges qui entraînèrent sa chute. Il a laissé une empreinte tout à fait personnelle à la franc-maçonnerie, interprétant et appliquant la doctrine selon le credo de la secte de rite égyptien, dont il était le fondateur et le Grand Maître. Un fils insolite de l'illuminisme, dont il n'avait pas beaucoup appris, en termes de rigueur scientifique et philosophique, mais dont il avait fait sien le cosmopolitisme.
Texte inspiré et documenté grâce au guide "Malatesta et Montefeltro : Voyage dans les collines de Rimini"édité par l'office du tourisme de Rimini.