Dans le jardin de Madeleine, le 6 mars 2015
"Samedi je suis médiatrice de la table "violette" (la fleur), j'ai pensé à toi."
Message "secret" reçu il y a quelques matins : l'expéditeur ? Mandarine, ma fille au grand cœur, romantique en diable, sous ses airs bravaches. Tellement secret que j'ai mis quelques instant à en comprendre la teneur. Qu'avais-je donc à voir avec les violettes, mazette ?? J'étais en train de dévorer ce jour-là le dernier livre de Fred Vargas*, Les temps glaciaires, qui m'avait tenue éveillée une bonne partie de la nuit, et, honte à moi, j'ai d'abord pensé à Violette Retancourt. J'avais souri la veille en lisant le bref rappel de l'auteure, destiné à rappeler à ses fidèles lecteurs la personnalité de cette héroïne atypique, déjà croisée dans nombre de ses livres : "Violette Retancourt, à qui ses parents, par quelque malentendu, avaient donné le nom d'une fleur fragile sans prévoir qu'elle atteindrait la taille d'un mètre quatre-vingt-quatre et la masse musclée de cent dix kilos". Pas très romantique comme image : "Une douzaine de ses hommes s'était groupée à la réception autour du brigadier Gardon, tous dominés par la masse de Retancourt, qui semblait équilibrer la composition de l'ensemble, conférer un axe à cette scène un peu picturale."
J'en étais là de mes supputations, persuadée qu'il n'était certainement pas dans les intentions de ma fille de me comparer à ce mastodonte féminin, quand j'ai fort opportunément repris pied dans mes propres souvenirs : Bon sang, mais c'est bien sûr !! Elle voulait évoquer les violettes du 15 mars ... Très sensible vous l'ai-je dit, ma fille ! Elle réveillait cette anecdote dont, parmi tant d'autres bluettes, nous avions bercée son enfance : le jour de notre mariage, nous avions cueilli, un peu étonnés d'une telle aubaine, un bouquet de violettes. À l'époque, je vous parle d'un temps lointain, des violettes au 15 mars, en Périgord de surcroît, avaient quelque chose de rare, comme une promesse de bonheur éternel, d'effluves bénéfiques et de lendemains ensoleillés. Aujourd'hui, réchauffement climatique aidant, les violettes du 15 mars sont devenues monnaie courante, surtout au bord de l'estuaire où le climat est tout de même plus clément qu'en Périgord. Mais la magie de la protection de ces "herbes de la Trinité" a opéré : nous saluons chaque année, sans faiblir depuis presque 40 ans, l'étonnant mystère, en ces temps incertains, de la survie d'un couple, envers et contre les intempéries de la vie et à contre-courant d'un hédonisme ego-centré.
Mandarine, moins oublieuse que sa Retancourt de maman, évoquait aussi par ce gentil clin d’œil une autre anecdote qui me vaut, régulièrement quelques cadeaux embarrassants. De mon enfance, en des temps où les papas n'avaient qu'un rôle très limité dans l'éducation des petites filles, je n'ai gardé que quelques échos de gestes ou d'attentions d'un père très aimant, mais fort peu interventionniste. Des souvenirs d'autorité, oui : il considérait, à raison d'ailleurs, que c'était son rôle. Mais des délicatesses, moins. Leur mémoire n'en est que plus précieuse. C'est ainsi qu'un jour, revenant de Toulouse, il m'avait rapporté des violettes confites. Du coup, forcément, j'aime bien le goût de ces petites fleurs. Cela me vaut, je le disais, d'avoir à faire face vaillamment à des pastilles parfumées, des pétales cristallisés dans le sucre ou des liqueurs fleuries. Et comme tout mon entourage tord le nez sur ces produits très aromatisés, je dois tout manger et tout boire, et consommer avec des mines de chatte ces douceurs exotiques ! Qui me valent bien sûr, l'inévitable sourire d'Alter qui affirme à qui veut l'entendre que j'ai "des goûts pervers".
Toujours le 6 mars, venant du jardin de Madeleine
J'en étais là de mes supputations, persuadée qu'il n'était certainement pas dans les intentions de ma fille de me comparer à ce mastodonte féminin, quand j'ai fort opportunément repris pied dans mes propres souvenirs : Bon sang, mais c'est bien sûr !! Elle voulait évoquer les violettes du 15 mars ... Très sensible vous l'ai-je dit, ma fille ! Elle réveillait cette anecdote dont, parmi tant d'autres bluettes, nous avions bercée son enfance : le jour de notre mariage, nous avions cueilli, un peu étonnés d'une telle aubaine, un bouquet de violettes. À l'époque, je vous parle d'un temps lointain, des violettes au 15 mars, en Périgord de surcroît, avaient quelque chose de rare, comme une promesse de bonheur éternel, d'effluves bénéfiques et de lendemains ensoleillés. Aujourd'hui, réchauffement climatique aidant, les violettes du 15 mars sont devenues monnaie courante, surtout au bord de l'estuaire où le climat est tout de même plus clément qu'en Périgord. Mais la magie de la protection de ces "herbes de la Trinité" a opéré : nous saluons chaque année, sans faiblir depuis presque 40 ans, l'étonnant mystère, en ces temps incertains, de la survie d'un couple, envers et contre les intempéries de la vie et à contre-courant d'un hédonisme ego-centré.
Mandarine, moins oublieuse que sa Retancourt de maman, évoquait aussi par ce gentil clin d’œil une autre anecdote qui me vaut, régulièrement quelques cadeaux embarrassants. De mon enfance, en des temps où les papas n'avaient qu'un rôle très limité dans l'éducation des petites filles, je n'ai gardé que quelques échos de gestes ou d'attentions d'un père très aimant, mais fort peu interventionniste. Des souvenirs d'autorité, oui : il considérait, à raison d'ailleurs, que c'était son rôle. Mais des délicatesses, moins. Leur mémoire n'en est que plus précieuse. C'est ainsi qu'un jour, revenant de Toulouse, il m'avait rapporté des violettes confites. Du coup, forcément, j'aime bien le goût de ces petites fleurs. Cela me vaut, je le disais, d'avoir à faire face vaillamment à des pastilles parfumées, des pétales cristallisés dans le sucre ou des liqueurs fleuries. Et comme tout mon entourage tord le nez sur ces produits très aromatisés, je dois tout manger et tout boire, et consommer avec des mines de chatte ces douceurs exotiques ! Qui me valent bien sûr, l'inévitable sourire d'Alter qui affirme à qui veut l'entendre que j'ai "des goûts pervers".
Dédié à Alter bien sûr
mais aussi à Mandarine ... et à Koka
mais aussi à Mandarine ... et à Koka
qui ont souvent été associées à nos anniversaires de mariage !