The Lunchbox
un film de Ritesh Batra
J'en avais beaucoup entendu parler, et je me désolais qu'il n'ait pas atteint ma contrée reculée mais néanmoins riante !! C'est chose faite, il est passé hier soir pour une unique séance et je n'ai pas été déçue : The Lunchbox est vraiment un petit joyau à voir si on aime le cinéma d'auteur, ou le cinéma "humain" tout simplement.
Le synopsis selon Allociné : Ila, une jeune femme délaissée par son mari, se met en quatre pour tenter de le reconquérir en lui préparant un savoureux déjeuner. Elle confie ensuite sa lunchbox au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay. Le soir, Ila attend de son mari des compliments qui ne viennent pas. En réalité, la Lunchbox a été remise accidentellement à Saajan, un homme solitaire, proche de la retraite. Comprenant qu'une erreur de livraison s'est produite, Ila glisse alors dans la lunchbox un petit mot, dans l'espoir de percer le mystère.
Le propos peut sembler mince, mais ne vous y trompez pas, c'est un film plein de leçons de vie, touchant, dépaysant et délicat. Tout en finesse. Les acteurs sont impeccables de justesse, le rythme, soutenu : un vrai challenge, il ne se passe rien, cela dure presque 2h et on ne s'ennuie pas. Simplement parce que les personnages sont terriblement attachants et proches. S'y ajoute un portrait passionnant de la ville (Bombay) et une métaphore simple mais efficace sur les gares, les trains et le rêve d'une autre vie. Il y est aussi question de la vie au bureau, de la vie de couple, de la famille, de la solitude, des regrets stériles, et de tout ce qui fait notre quotidien, en Inde ou ailleurs ! Le coup de génie du film, à mon sens, est le dialogue qu'entretient l'héroïne avec sa voisine du dessus, coincée chez elle par un mari grabataire, voisine qu'on ne voit jamais mais qu'on entend ! Comme une conscience, comme un révélateur de rêves. Pour finir, et ce n'est pas le moins intéressant, le film a réellement été tourné en s'appuyant sur une très sérieuse étude de l'Université de Harvard, sur le système indien des Dabbawallahs, c'est à dire sur la livraison quotidienne des déjeuners sur le lieu de travail des employés, repas préparé le plus souvent à domicile par leur épouse, voire par un restaurant.
Les Dabbawalas, littéralement porteurs de gamelles en Hindi, sont regroupés au sein d’une association - Mumbai Tiffin Box Supplier Association – dont la mission est de collecter et livrer tous les jours plus de 200 000 repas au cœur de la ville de Bombay. L’histoire a commencé dans les années 1890, lorsqu’un banquier indien a demandé un jour à un jeune garçon des rues de récupérer son déjeuner à son domicile dans une banlieue de Bombay et de le livrer à son bureau au centre ville. Ce jeune garçon originaire de la région de Pune, qui était venu à Bombay pour gagner sa vie et faire vivre sa famille, a rapidement compris qu’il existait une demande pour ce type de service et a fait venir d’autres personnes de sa région pour démultiplier son offre auprès de nouveaux clients. Aujourd’hui, ce sont près de 5 000 Dabbawalas qui tous les matins, pour 350 roupies par mois (environ 6 euros) récupèrent au domicile de leurs clients dans les banlieues plus ou moins éloignée de Bombay les boîtes en métal contenant le déjeuner « fait maison ». A pied, à vélo et surtout grâce au réseau performant des chemins de fer, ils livrent avant 13 heures ces repas dans les bureaux ou sur les chantiers du cœur économique de la ville. Dans l’après midi, ils ramènent les boîtes vides dans les foyers d’origine.
Alors si vous avez la chance que le film passe près de chez vous, n'hésitez pas, c'est vraiment un film à voir, et vous rirez souvent (discrètement, avec nostalgie parfois) !!
Je profite de ce billet pour présenter un autre film que j'ai vraiment adoré :
Le Vent se lève, il faut tenter de vivre
de Miyazaki
de Miyazaki
Un film, dont il nous dit qu'il sera le dernier, de MAÎTRE Miyazaki... Pas moyen de rater cela !! Même si la salle de cinéma, comble, était pleine de vieux (dont moi, bien sûr !!) c'est un incontournable !!!
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
"Le Vent Se Lève" dont le titre est inspiré du premier vers de la dernière strophe du poème « Le Cimetière Marin » de Paul Valéry, nous invite à suivre la vie de Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais qui s’illustrera dans son pays en créant le fameux chasseur Zéro, tristement célèbre pour avoir été un facteur déterminant dans la victoire japonaise lors de la terrible bataille de Pearl Harbor... Le film débute par le rêve d’un petit garçon qui rencontre un créateur d’avions italien ( Giovanni Battista Caproni) l’invitant à grimper dans l’un d’entre eux pour aller voguer au-delà des nuages, puis au réveil de ce garçon qui affirme que plus tard il inventera des avions...
Puis, toujours entrecoupé de passages oniriques, le film raconte l'histoire de ce jeune homme, qui ne faillira jamais à sa promesse et tentera tout pour créer un avion révolutionnaire : on partage ses ambitions, on est confronté aux aléas de la vie qu’il rencontre, on rit avec lui aux de moments de bonheur simples et on souffre lorsque des malheurs le frappent de plein fouet. Ancré dans l’Histoire avec un grand « H », le film aborde des sujets graves et sensibles tels que le tremblement de terre du Kanto de 1923, la Grande Dépression, la terrible épidémie de tuberculose, l’entrée en guerre du Japon ou encore les ravages même de cette guerre...
La réalisation est irréprochable et la qualité de l’animation presque parfaite. Et l'ensemble est sublimé par la musique merveilleuse et langoureuse de son éternel ami Joe Hisaishi (d’ailleurs, le thème principal du film restera dans les mémoires ne serait-ce que par sa puissance émotionnelle, au même titre que ceux de "Mononoke Hime" ou "Mon Voisin Totoro"). Voilà, "Le Vent Se Lève" est un formidable chant du cygne, moins merveilleux et plus "adulte" qu’à l’accoutumé.
Ce n'est pas LE chef-d’œuvre de Miyazaki ( difficile de surpasser Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro ou Le Château ambulant) mais cela a des allures de testament : tour à tour ample, confondant de beauté, puissant, doux, lumineux, bouleversant, sombre, triste... Cela vous tirerait presque des larmes, malgré le côté un peu convenu de l'histoire d'amour qui sous-tend l'histoire !! Car il y a aussi une histoire d'amitié, et une histoire d'amour dans ce long-métrage. Un très beau moment de cinéma, de poésie pure et de beauté formelle ...
Tel Père, tel fils
un film de Hirozaku Koreeda
Danielle en parlait ici, et je me suis aperçue que j'avais oublié d'en parler, et pourtant c'est un film que j'ai adoré.
Le synopsis selon Allociné : Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Ce film est une très belle plongée dans la société japonaise, ses modernismes, ses traditions et leurs contradictions, qui traite avec finesse du thème de l'inné et de l'acquis. Aucun effet inutile et pourtant le film est d'une étonnante efficacité pour évoquer la difficile relation père-fils, mais aussi l'inéluctable problème transgénérationnel, celui des histoires et blessures familiales qu'on ne veut surtout pas reproduire et qu'on traîne comme des boulets derrière soi.
L'affaire de l'échange des enfants n'est qu'un prétexte pour analyser les tenants et aboutissants de l'amour paternel : sur quels malentendus il se construit, sur quelles faiblesses il tente de se développer, quelles erreurs doit-il surmonter pour parvenir à s'épanouir ?
Les comédiens sont absolument parfaits : d'une justesse incroyable dans des rôles difficiles et très émouvants. Tous ! La comparaison des milieux dans lesquels évoluent les deux familles est tissée de détails passionnants et fort révélateurs des mœurs japonaises (Madeleine, qui en connait un morceau, m'a confirmé combien ces anecdotes sont justes). L'histoire surtout, est admirablement menée, d'une façon très subtile et tout doucement, d'une façon feutrée, ciselée. Ce film, qui suggère, avec virtuosité, tant de non-dits et d'incompréhensions qui blessent, est un travail d'orfèvre. A voir aussi, absolument !
Le synopsis selon Allociné : Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Ce film est une très belle plongée dans la société japonaise, ses modernismes, ses traditions et leurs contradictions, qui traite avec finesse du thème de l'inné et de l'acquis. Aucun effet inutile et pourtant le film est d'une étonnante efficacité pour évoquer la difficile relation père-fils, mais aussi l'inéluctable problème transgénérationnel, celui des histoires et blessures familiales qu'on ne veut surtout pas reproduire et qu'on traîne comme des boulets derrière soi.
L'affaire de l'échange des enfants n'est qu'un prétexte pour analyser les tenants et aboutissants de l'amour paternel : sur quels malentendus il se construit, sur quelles faiblesses il tente de se développer, quelles erreurs doit-il surmonter pour parvenir à s'épanouir ?
Les comédiens sont absolument parfaits : d'une justesse incroyable dans des rôles difficiles et très émouvants. Tous ! La comparaison des milieux dans lesquels évoluent les deux familles est tissée de détails passionnants et fort révélateurs des mœurs japonaises (Madeleine, qui en connait un morceau, m'a confirmé combien ces anecdotes sont justes). L'histoire surtout, est admirablement menée, d'une façon très subtile et tout doucement, d'une façon feutrée, ciselée. Ce film, qui suggère, avec virtuosité, tant de non-dits et d'incompréhensions qui blessent, est un travail d'orfèvre. A voir aussi, absolument !