60 bougies !! Et oui, nous approchons tous, peu ou prou, de l'âge des dizaines arrondies, alourdies par le temps, celles dont on se dit qu'il est encore décent de les fêter dignement, en regroupant autour de l'intéressé une famille émue, heureuse de se retrouver pour une occasion joyeuse, et un panel d'amis encore fringants, assez nombreux et forcément ravis de la fête. Ce genre de complot demande, pour être réussi, un certain nombre de condiments difficiles à doser : il faut d'abord que l'intéressé ne prenne pas ses jambes à son cou au moment fatidique, voire avant s'il se doute du piège qui l'attend (j'avoue que, personnellement, c'est ce que je ferais si on me concoctait pareil traquenard). Il faut ensuite, pendant des mois, organiser l'affaire, convoquer les uns et les autres en obtenant, sport délicat, que personne ne vende la mèche. Il faut bien sûr assurer l'intendance et enfin œuvrer pour que la sauce prenne au jour J, entre des gens fort dissemblables, quoique tous de très bonne volonté, afin que l'ambiance soit au diapason de l'événement, qu'on désire inoubliable ! Tous ces ingrédients étaient présents à Pétignac ce week-end pour fêter, en un 24 heures non-stop de musique, le maître des lieux selon une formule que ceux qui l'ont partagée ne sont pas prêts d'oublier.
Les lecteurs de ce blog connaissent déjà, peu ou prou - pour l'avoir admiré sur son tripianoteur, dans ses œuvres d'accordeur, ou encore lors d'un de ces concerts "privés" qui n'ont, heureusement, pas l’outrecuidance de s'appeler ainsi mais qui sont réservés à de vrais amis - le Tryphon du piano, le jongleur de la clé d'accordage, le génie du Steinway bien préparé !! Et Gérard, qui aime qu'on l'aime, est entouré d'amis qui, sincèrement, mouraient d'envie de lui faire plaisir. Et, forcément, ces amis sont souvent des musiciens. Des vrais, des pros, et des amateurs, au sens noble du terme, des gens qui aiment la musique.
C'est ainsi que, pendant des mois, l'un d'entre eux a comploté, fédéré les énergies, accordé les dates (largement aussi compliqué que d'accorder un piano cette affaire : vous imaginez le tour de force qui cela représente de faire se rencontrer au fin de fond de la Charente profonde, des gens dont les agendas, gérés par d’irascibles imprésarios, sont pleins à l'avance depuis deux ans et regorgent de concerts aux quatre coins du monde), harmonisé les intentions et assuré toute la partie "casting" de l'événement. Car vraiment, cela en était un !! De son côté, Fabienne, l'épouse de Gérard, assurait avec le talent et l'efficacité qu'on lui connait, la logistique de tout ça... Et n'allez pas croire que c'était simple : les tivolis à monter, 3 repas chauds à assurer, des apéros, une cave sans cesse sollicitée, les invitations à lancer, instructions à l'appui, 90 personnes à contacter dans la plus grande discrétion, venant de partout, les artistes à héberger... le plus dur, dans tout cela, étant, je vous le donne en mille... la gestion de l'agenda de Gérard qui ne devait, en aucun cas, accepter la moindre obligation professionnelle ce week-end là ! Vous imaginez la catastrophe s'il avait annoncé le vendredi à sa chère moitié qu'il avait accepté un accord à Poitiers pour le dimanche. Il fallait aussi que les deux pianos de concert soient au Domaine tout le week-end, donc refuser toute location, quitte à para^tre kamikaze.
C'est ainsi que, pendant des mois, l'un d'entre eux a comploté, fédéré les énergies, accordé les dates (largement aussi compliqué que d'accorder un piano cette affaire : vous imaginez le tour de force qui cela représente de faire se rencontrer au fin de fond de la Charente profonde, des gens dont les agendas, gérés par d’irascibles imprésarios, sont pleins à l'avance depuis deux ans et regorgent de concerts aux quatre coins du monde), harmonisé les intentions et assuré toute la partie "casting" de l'événement. Car vraiment, cela en était un !! De son côté, Fabienne, l'épouse de Gérard, assurait avec le talent et l'efficacité qu'on lui connait, la logistique de tout ça... Et n'allez pas croire que c'était simple : les tivolis à monter, 3 repas chauds à assurer, des apéros, une cave sans cesse sollicitée, les invitations à lancer, instructions à l'appui, 90 personnes à contacter dans la plus grande discrétion, venant de partout, les artistes à héberger... le plus dur, dans tout cela, étant, je vous le donne en mille... la gestion de l'agenda de Gérard qui ne devait, en aucun cas, accepter la moindre obligation professionnelle ce week-end là ! Vous imaginez la catastrophe s'il avait annoncé le vendredi à sa chère moitié qu'il avait accepté un accord à Poitiers pour le dimanche. Il fallait aussi que les deux pianos de concert soient au Domaine tout le week-end, donc refuser toute location, quitte à para^tre kamikaze.
Je vous passe les anecdotes croustillantes qui ont émaillé la préparation et les affres par lesquelles sont passés les deux valeureux organisateurs. Soleil aidant, samedi à midi, l'ambiance était fébrile au Domaine Musical : le héros de la fête opportunément éloigné depuis deux jours de chez lui, précaution nécessaire pour préparer les lieux, était attendu, suivi au radar avec éclaireurs, complices et avant-courrier. Les invités piétinaient, riaient, imaginaient sa surprise, les tripianoteurs, trompettes et maracas s'agitaient en tous sens... Et soudain : "Il est au rond-point" ... le tout nouveau sexagénaire ému, éberlué, abasourdi, stupéfait, comprenant par à-coups mille détails étranges qui avaient émaillé son quotidien depuis quelques jours, fut entouré, fêté, acclamé...
La succession d'abbracci qui s'ensuivit est à noter dans les annales : Gérard est la champion toutes catégories de l'abbraccio authentique, le vrai, celui qui enveloppe, serre, tapote, rigole et larmoie, bref, l'embrassement rempli d'une vraie et sincère émotion. Et là, croyez-moi, ce fut un festival.
La succession d'abbracci qui s'ensuivit est à noter dans les annales : Gérard est la champion toutes catégories de l'abbraccio authentique, le vrai, celui qui enveloppe, serre, tapote, rigole et larmoie, bref, l'embrassement rempli d'une vraie et sincère émotion. Et là, croyez-moi, ce fut un festival.
D'ailleurs, durant ces deux-jours tout fut festival : l'amitié, la chaleur humaine, la gourmandise, le jeu, la bonne humeur, et, bien sûr, la musique. Imaginez 24h de musique ininterrompue... (on a un peu dormi tout de même)... servie par les plus grands (par discrétion, je ne citerai pas les interprètes présents, mais pas moins de huit "pointures" que vous reconnaîtrez peut-être sur les photos), qui se sont complètement "éclatés".
Chansonnette, jazz, classique, tous les styles bien sûr, tous les rythmes, tous les tempi... Des moments inoubliables comme le concerto pour la main gauche de Ravel, sans partition, l'un faisant le soliste, l'autre reconstituant l'orchestre avec un à propos jamais pris en défaut... les études en forme de canon de Schumann, le Sacre du Printemps... Debussy, Piaf, Carmen, Nougaro, Aznavour, Dvorak, que sais-je encore... des pianistes enthousiastes, qui se répondaient, improvisaient, déchiffraient à vue, riaient, s'interpellaient, changeaient de piano, chantaient, se passaient la main sans faiblir une minute !! Et nous qui ne savions pas où donner de l'oreille, extatiques, amusés, ravis, séduits...
Et au milieu de cette aimable bacchanale musicale, Gérard aux anges, extasié, rayonnant et quelque peu ébaubi : jamais fête si décontractée et pourtant d'une telle qualité ne fut donnée en l'honneur d'un sexagénaire !!
Rien de convenu, rien de compassé, chaque minute de cet incroyable week-end était à la mesure du héros de la fête : harmonieuse. Nous avions déjà des souvenirs impérissables de Pétignac, mais celui-là restera le point d'orgue !