Certains, curieux du nom de cette bourgade impossible à épeler sauf à insister "oui, oui, M.E.S.C.H.E.R.S... Meschers, comme mes chers amis", ont peut-être tenté de situer un jour le lieu sur Google Map, et, découvrant un petit bled perché au-dessus de l'estuaire, situé loin de tout grand centre, se sont dit "Ah, Michelaise, elle habite dans un coin tranquille, à l'écart de l'agitation et des vicissitudes du monde moderne. Pas étonnant que ses billets soient toujours un peu décalés : isolée comme elle l'est, un rien l'émerveille, une broutille la fait s'esbaudir et elle s'extasie devant une paille en croix(1)". Erreur, mes amis, grave erreur : non content de devenir durant le mois d'août une annexe des certaines banlieues au nom abrégé par deux chiffres avec un "point" au milieu, ce qui nous donne une ambiance carrément "exotique", le lieu n'est pas, loin s'en faut, aussi désert et aussi calme que vous pourriez l'imaginer naïvement. Témoin ce coup de téléphone reçu l'autre matin de la part d'un voisin qui s’enquerrait de savoir si nous avions observé pendant la nuit des mouvements suspects.
- Non, tu sais, on dormait, on n'a rien entendu de spécial.
- Parce qu'on a volé devant chez moi le tractopelle utilisé pour les travaux.
Comment on vole un tractopelle, cela je ne saurais vous le dire, n'ayant rien vu bien sûr. Il semble que le trafic d'engins de chantier, à destination, nous dit-on, des pays de l'Est (il faut bien entretenir leur triste réputation), ne soit pas rare, loin s'en faut. Mais avec Meschers pour plaque tournante, voilà qui nous a laissés pantois. Mais comment emporte-t-on pareil matériel ? Sur un camion avec un plateau... ben voyons ! Et qu'en fait-on ensuite ? Là, nous n'avons rien appris sur les lieux de stockage de ces équipements manquant singulièrement de discrétion.
Tout cela pour vous raconter que ce week-end Meschers était le lieu de rendez-vous de tous les badauds de la côte. Responsable, un petit entrefilet paru ce matin sur Sud-Ouest et narrant en quelques phrases courtes l'événement qui m'a occupée tout l'après-midi de vendredi. J'étais face à ce paysage idyllique qui illustre mon article, en train de me dire que j'avais des copies à corriger, quand soudain mon horizon fut envahi par une épaisse fumée venant de l'Est. Inquiète, je sors sur le balcon et aperçois, derrière les chênes verts un peu sauvages qui me séparent de mes voisins, d'immenses flammes aux ondulations agressives. Pensant que cela provient d'une maison "en friche", je me dis "Ils sont dingues de faire un pareil feu, cela va flanquer le feu à la maison d'à côté". Je cours m'assurer que ce feu ne menaçait pas mon plus proche voisin, et me heurte à un monsieur affolé : "Mettez-vous à l'abri, la maison des M. flambe". Et, de fait, les vitres explosaient, les flammes sortaient par les fenêtres et un vilain petit vent d'Est dirigeait tout cela vers chez moi de façon fort inquiétante.
Forcément, je n'avais aucune idée du numéro à composer pour joindre les pompiers, et appelai donc la police municipale afin qu'ils le fassent à ma place. Entre temps, fort heureusement, des promeneurs avaient déjà prévenu le 18. Meschers est équipée, pas en l'honneur de ses 2900 habitants, la suite allait le démontrer, mais sans doute pour faire face à décuplement de sa population estivale, d'une superbe caserne, située à quelques centaines de mètres de la maison (autant dire au bout de la rue !), toute neuve et fort équipée en camions si l'on en juge par les manœuvres qui, parfois, y ont lieu.
Je pensais donc candidement, en regardant le feu s'amplifier et se faire, de minute en minute, plus intense, que nos sauveurs allaient bientôt arriver et mettre fin à cet tourbillon menaçant. Que nenni !! Les policiers municipaux étaient déjà là, mais de camion rouge point ! Les gens qui avaient appelé le 18 arrivèrent, d'un pas nonchalant et m'avertirent qu'il ne fallait pas se faire d'illusion : ils avaient eu La Rochelle (145 km) qui devait prévenir Royan (13km), qui se ferait seconder par Saujon (17km). Autant dire que pendant 40 longues, très longues minutes, nous avons contemplé les flammes faire leur besogne, destructrice, dévastatrice même, et plus le temps passait, plus l'angoisse de voir le brasier gagner les résineux et mon propre domicile me serrait la gorge. Et quand, enfin, la sirène se fit entendre, l'attente était loin d'être terminée : il fallut aux hommes de l'art débarquer leur matériel, dérouler les tuyaux, se brancher sur une bouche d'eau, attaquer à la tronçonneuse la porte l'entrée, bref tout une mise en place durant laquelle la fournaise continueait à ronfler, léchant les pins et nous enfumant comme des harengs hébétés.
Je pensais donc candidement, en regardant le feu s'amplifier et se faire, de minute en minute, plus intense, que nos sauveurs allaient bientôt arriver et mettre fin à cet tourbillon menaçant. Que nenni !! Les policiers municipaux étaient déjà là, mais de camion rouge point ! Les gens qui avaient appelé le 18 arrivèrent, d'un pas nonchalant et m'avertirent qu'il ne fallait pas se faire d'illusion : ils avaient eu La Rochelle (145 km) qui devait prévenir Royan (13km), qui se ferait seconder par Saujon (17km). Autant dire que pendant 40 longues, très longues minutes, nous avons contemplé les flammes faire leur besogne, destructrice, dévastatrice même, et plus le temps passait, plus l'angoisse de voir le brasier gagner les résineux et mon propre domicile me serrait la gorge. Et quand, enfin, la sirène se fit entendre, l'attente était loin d'être terminée : il fallut aux hommes de l'art débarquer leur matériel, dérouler les tuyaux, se brancher sur une bouche d'eau, attaquer à la tronçonneuse la porte l'entrée, bref tout une mise en place durant laquelle la fournaise continueait à ronfler, léchant les pins et nous enfumant comme des harengs hébétés.
Loin de moi l'idée de critiquer les pompiers, ou leur promptitude : je n'ai pas la moindre idée du temps moyen de ce genre d'intervention, mais la seule chose que je puisse vous affirmer, c'est que ces minutes-là paraissent immensément longues, et que l'impuissance pèse devant les ravages de l'incendie qui, lui, ne perd pas une minute pour faire son oeuvre. Une grosse heure après le début de l'incendie, tout le monde était enfin à pied d'oeuvre et, dès lors, leur efficacité fut impressionnante. J'imagine que cette fâcheuse impression que tout est hyper lent est courante, voire systématique dans ce genre de situation.
Il ne restait malheureusement rien de sauvable après leur départ, et mes malheureux voisins auront fort à faire avec les assurances pour obtenir un dédommagement correspondant aux dommages subis. Fort heureusement ce n'est "qu'une" maison secondaire, personne ne fut blessé, personne n'est sans abri et ma maison n'a pas été touchée, ce qui est plutôt une happy-end. Il semble que l'origine du feu, non encore officielle, soit imputable à quelques squatteurs indélicats ou pire. Comme le dit l’entrefilet de Sud-Ouest, "une enquête est en cours" et après le bruyant ballet des camions de pompiers, nous avons depuis deux jours celui des voitures de gendarmerie, et surtout, un défilé incessant de badauds.
Il ne restait malheureusement rien de sauvable après leur départ, et mes malheureux voisins auront fort à faire avec les assurances pour obtenir un dédommagement correspondant aux dommages subis. Fort heureusement ce n'est "qu'une" maison secondaire, personne ne fut blessé, personne n'est sans abri et ma maison n'a pas été touchée, ce qui est plutôt une happy-end. Il semble que l'origine du feu, non encore officielle, soit imputable à quelques squatteurs indélicats ou pire. Comme le dit l’entrefilet de Sud-Ouest, "une enquête est en cours" et après le bruyant ballet des camions de pompiers, nous avons depuis deux jours celui des voitures de gendarmerie, et surtout, un défilé incessant de badauds.
Ce sont eux qui, d'ailleurs, vous valent cet article : je n'arrive pas à concevoir comment des gens, normaux, censés, enfin des citoyens ordinaires, peuvent, de bon matin, ayant lu le journal, prendre leur voiture pour aller visiter "les lieux du drame". Une telle curiosité, malsaine, me sidère, me coupe l'entendement, et me laisse, comme souvent, ahurie ! Talvolta, non ci capisco un'acca, e lo dico (2) !! Michel de Lyon, en général se gondole devant mon ingénuité, mais il n'empêche que cela me dépasse.
Ceci étant, nous n'avons toujours pas compris à quoi sert la superbe caserne entretenue par la commune !!! Certes occupée par des pompiers volontaires, comme c'est souvent le cas en "campagne", mais j'ai connu des casernes plus petites qui intervenaient, avec leurs volontaires, en première urgence pour tenter de limiter les dégâts avant l'arrivée des professionnels. J'imagine que quelque bienheureux principe de précaution, ou autre redéfinition des compétences leur a enlevé ce rôle, les réduisant à des interventions mineures, et soigneusement codifiées. Voilà qu'encore une fois, non ci capisco un'acca.
Ceci étant, nous n'avons toujours pas compris à quoi sert la superbe caserne entretenue par la commune !!! Certes occupée par des pompiers volontaires, comme c'est souvent le cas en "campagne", mais j'ai connu des casernes plus petites qui intervenaient, avec leurs volontaires, en première urgence pour tenter de limiter les dégâts avant l'arrivée des professionnels. J'imagine que quelque bienheureux principe de précaution, ou autre redéfinition des compétences leur a enlevé ce rôle, les réduisant à des interventions mineures, et soigneusement codifiées. Voilà qu'encore une fois, non ci capisco un'acca.
-------
(1) S'extasier devant une paille en croix était une expression de maman, qui voulait ainsi signaler l'extrême naïveté de celui qui s'adonnait à de tels étonnements.
(2) Parfois je n'y comprends goutte (littéralement pas un "h") et je le dis (le sous-titre de ce blog)
Pas vraiment de photos de l'événement, j'avoue que j'avais la tête ailleurs qu'au réflexe déclencheur !!
(2) Parfois je n'y comprends goutte (littéralement pas un "h") et je le dis (le sous-titre de ce blog)
Pas vraiment de photos de l'événement, j'avoue que j'avais la tête ailleurs qu'au réflexe déclencheur !!