Noël à Paris, ce furent, bien sûr, des agapes et réjouissances diverses, mais aussi quelques expositions qui vont se terminer bientôt !! Parmi elles :
Pinacothèque jusqu'au 10 mars 2014
Goya, on le sait, est cruel et caustique. L'exposition, qui égrène sans concession, les désastres de la Guerre, les subtilités parfois barbares de la tauromachie, la famine, la pauvreté, l'hypocrisie de la société à travers la série des Caprices, est, de fait ingrate.
Des séries et des séries de gravures, virtuoses certes, mais totalement déprimantes, la violence mise à nu, la religion démystifiée, des choix esthétiques toujours au scalpel, c'est drôlement difficile à visiter. Et ce ne sont pas les portraits, certes pénétrants mais ô combien lucides et sans concession qui entrecoupent de quelques touches colorées ce parcours héroïques, qui parviennent à vous remonter le moral. Vous sortez de là un peu sonné, admiratif, forcément, mais avec l'impression d'avoir partagé un instant toute la misère du monde.
Des séries et des séries de gravures, virtuoses certes, mais totalement déprimantes, la violence mise à nu, la religion démystifiée, des choix esthétiques toujours au scalpel, c'est drôlement difficile à visiter. Et ce ne sont pas les portraits, certes pénétrants mais ô combien lucides et sans concession qui entrecoupent de quelques touches colorées ce parcours héroïques, qui parviennent à vous remonter le moral. Vous sortez de là un peu sonné, admiratif, forcément, mais avec l'impression d'avoir partagé un instant toute la misère du monde.
Pinacothèque jusqu'au 10 mars 2014
Je vous ai déjà longuement parlé de cette exposition lors de notre visite romaine. Celle de Paris comporte à peu près les mêmes œuvres mais m'a semblé de moindre importance, le déroulement du propos étant moins structuré qu'à Rome. Le Cloître de Bramante insistait plus explicitement sur le caractère familial de l'atelier, sur les influences et originalités de chacun des peintres de la dynastie Brueghel et développait bien plus clairement l'évolution dans le temps des oeuvres de cette famille flamande qui nous fascinent encore. Une exposition qui mérite cependant largement la visite car elle est très riche en chefs d'oeuvre incontournables.
Pinacothèque jusqu'au 10 mars 2014
Le choix de ce troisième artiste, aussi abstrait que les deux autres sont descriptifs, pour compléter la trilogie des peintres témoins de leur temps, peut sembler a priori, un peu tiré par les cheveux. C'est sans doute Lumière au delà des fléaux (ci-dessus) une réinterprétation en atelier de la perception de son ressenti de la Guerre du Golfe qui a valu à l'artiste d'être ainsi distingué.
Cela nous vaut une exposition lumineuse, qui a le mérite de nous offrir une superbe rétrospective de l'oeuvre de ce vieux monsieur de 93 ans, pas assez connu en France. Mais la vision résolument optimiste de cette peinture, hymne à la nature, aux saisons, aux paysages et à la vie, n'en fait qu'imparfaitement un témoin de notre époque, plutôt portée sur le marasme et la mélancolie, voire le défaitisme le plus sombre. Son pinceau est en harmonie secrète avec la plénitude de la vie et traduit, dans un mouvement éblouissant, un sens étonnant de la liberté.
Musée Maillol jusqu'au 9 février 2014
On y évoque la pratique du banquet mixte ou symposion, dont le déroulement luxueux, supposé orgiaque, a inspiré aux romains des doutes quant à la moralité des femmes étrusques. Le sport, l'amour, et bien sûr l'écriture sont largement illustrés grâce à des œuvres de première importance.
Le portrait de famille qui ouvre l'exposition : le peintre, jeune et portant beau, tient négligemment dans sa main gauche une mandoline tandis que, de la main droite, il s'appuis sur le dossier d'un siège à la tapisserie luxueuse. A gauche, sa jeune épouse, sobrement mais élégamment vêtue entoure de son bars la filette à l'oeil coquin qui sourit vers le spectateur. Pour accentuer l'impression d'aisance de la toile, enrichie de symboles variés (un perroquet dans l'ombre, un chien sous la chaise, un putto en faut à gauche) le couple pose en présence de la servante au large chapeau de paille qui porte, d'un air un peu emprunté, une corbeille de raisins aux nuances délicates.
Jordaens la gloire d'Anvers
Jordaens la gloire d'Anvers
Petit Palais jusqu'au 19 janvier 2014
Grâce à sa scénographie savante et nullement pédante, l'exposition du Petit Palais permet de mieux apprécier ce peintre flamand que l'on connait surtout pour la grâce plantureuse de ses modèles féminins et pour la truculence de ses toiles anecdotiques. L’exposition s’ouvre par l’évocation de la ville d’Anvers, où Jordaens vécut tout au long de sa vie : meubles flamands du XVIIe siècle, portraits de famille et autoportraits permettent de dresser le décor. Puis on passe dans une vaste salle aux allures de nef d'église où s'égennent les toiles religieuses, parfois fort inspirées, de l'artiste. Plus loin, deux salles évoquent l’ambiance des maisons bourgeoises et des ateliers de peinture de l’Anvers du XVIIe siècle.
L'art du maître est multiple : du portraitiste au décorateur de fêtes, du grand peintre religieux des églises de la Contre-Réforme au chef d'un atelier prospère qui doit s'entourer de collaborateurs pour faire face à la demande, du cartonnier pour les manufactures de tapisseries de Bruxelles au peintre génial de "proverbes" dont on peut ici comparer les versions de Le Roi boit ! ou de Comme les vieux ont chanté, ainsi les jeunes jouent de la flûte, toutes les facettes de l'artiste sont évoquées, développées et superbement illustrées par cette exposition qui s'est fixé pour objectif de réhabiliter l'anversois. Objectif atteint !
Une Sainte Famille aux accents intimistes, d'autant plus réussie que la Vierge y prend les traits de Catharina van Noort, l'épouse de Jordaens et de leur fille aînée, Elisabeth, qui "joue" ici le rôle de l'enfant Jésus. Le rouge chaud de la robe de la mère se reflète en délicats échos sur les jours des personnages réunis avec un naturel plein de spontanéité.
L'art du maître est multiple : du portraitiste au décorateur de fêtes, du grand peintre religieux des églises de la Contre-Réforme au chef d'un atelier prospère qui doit s'entourer de collaborateurs pour faire face à la demande, du cartonnier pour les manufactures de tapisseries de Bruxelles au peintre génial de "proverbes" dont on peut ici comparer les versions de Le Roi boit ! ou de Comme les vieux ont chanté, ainsi les jeunes jouent de la flûte, toutes les facettes de l'artiste sont évoquées, développées et superbement illustrées par cette exposition qui s'est fixé pour objectif de réhabiliter l'anversois. Objectif atteint !