Nous sommes heureux de voir paraître, selon ce que Michelaise avait programmé, les derniers articles rédigés avant son décès. Le dernier paraîtra le 15 septembre.
Bien connu en Italie (quand nous avons parlé de lui à notre "amie italienne" elle savait bien sûr qui il était), nettement moins célèbre en France, Antonio Guerra est né en 1920 à Santarcangelo di Romagna dans la province de Rimini, en Émilie-Romagne.
Écrivain, dramaturge et scénariste italien, il a à son actif nombre de livres et une centaine de fictions, portées à l'écran par les plus grands réalisateurs italiens et internationaux, faisant de lui un scénariste de renommée mondiale. Mais c'est avant tout un poète, car s'il a "donné" dans le néoréalisme italien, « Tonino » l'exprime toujours sur un ton poétique. Il a ainsi collaboré avec les frères Taviani en coécrivant avec eux 4 films successifs, dont La Nuit de San Lorenzo.
Il avait commencé à écrire dès le camp de concentration allemand où il fut interné comme opposant anti-fasciste durant la seconde guerre mondiale. Des poèmes en Romagnol, le dialecte de sa région natale à laquelle il restera fidèle jusqu'à dans sa mort, malgré trois décennies passées à Rome. Car sa carrière des plus fécondes en tant que scénariste de Michelangelo Antonioni, Francesco Rosi, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Mauro Bolognini, Vittorio de Sica, Mario Monicelli, les frères Taviani, Marco Bellocchio... mais la renommée est injuste, on n'a retenu que le nom des réalisateurs !
Nous, c'est en tant que sculpteur que nous l'avons découvert à Santarcangelo di Romagna, sa ville natale. Il a réalisé, pour plusieurs villes de Romagne, des fontaines aux couleurs chatoyantes, et son village natal conserve sur une petite place la copie de celle, plus importante, qui lui fut commandée par la ville de Forli. Sur le thème, bien sûr, du papillon !
La farfalla
Contento, proprio contento
sono stato molte volte nella vita
ma più di tutte quando
mi hanno liberato in Germania
che mi sono messo a guardare una farfalla
senza la voglia di mangiarla. (1)
Amarcord
Lo so, lo so, lo so
che un uomo, a 50 anni,
ha sempre le mani pulite
e io me le lavo due o tre volte al giorno
ma è quando mi vedo le mani sporche
La petite ville de Santarcangelo di Romagna recèle une autre source d'étonnement : le musée du bouton, qui raconte l’histoire de la société, des coutumes, de la politique, de la culture, etc. au travers des boutons (10 500 exemplaires).
Né de la passion de Giorgio Gallavotti, il fut créé à partir du fond d'une mercerie qui comptait, dès le début, de très beaux et rares ornements de vêtements, dont certains fort anciens, puisque les plus vieux datent du début du XVIIIe siècle. Puis, peu à peu, le musée s'est enrichi, en particulier par le don de boutons envoyé dès leur retour chez eux par de nombreux visiteurs, séduits par le musée et désireux de l'agrandir. Quoi de plus facile, en effet, que d'envoyer un bouton !! Je me promets d'ailleurs, dès que j'en aurai le temps, de fouiller dans mes archives et d'apporter ma petite pierre à l'édifice !
------------------
Notes :
(1) Le papillon
Heureux, j'ai été si souvent
tellement heureux dans la vie
mais plus heureux encore que tout
quand ils m'ont libéré d'Allemagne
et que je me suis mis à regarder un papillon
sans avoir envie de le manger.
(2) Selon l'office du tourisme de Rimini :
Partant de la haute vallée du Marecchia, Torre di Bascio, petit hameau de Pennnabilli, est un lieu qui ne peut ne pas être visité. Il y a créé Le Jardin Pétrifié, “pour ne pas oublier les grands personnages”. A Casteldelci, il a installé La Grande Rose, un hommage pour les morts, à Petrella Guidi, les paroles qui évoquent Federico Fellini et Giulietta Masina, et, à Sant’Agata Feltria, la Fontaine de l’Escargot, en hommage à la lenteur. Tout le centre historique de Pennabilli se présente comme une mosaïque pleine de fantaisie. Les tesselles qui la composent sont: Le jardin des fruits oubliés, “un musée de saveurs” qui réunit les plantes disparues et de nombreuses installations artistiques; La route des cadrans solaires, “pour ne pas oublier que le temps se mesurait avec la lumière”; L'ange aux moustaches, un “musée d’un seul cadre”; Le sanctuaire des pensées, un jardin pour la méditation et pour la dialogue intérieur; Le refuge des vierges abandonnées, dédié aux statuettes qui décoraient les petites chapelles sur le bord des routes; Le Monde de Tonino Guerra, le musée qui offre une présentation de son œuvre à 360 degrés et où l’on peut souvent rencontrer l’artiste. Sur la rive du fleuve, son “cri pour une belle chose” a permis de sauver le Sanctuaire de Saiano. La moyenne vallée est par contre égayée par le jaillissement d’autres fontaines telles que L’Arbre de l’Eau, à Torriana, et La Fontaine de la Mémoire, à Poggio Berni. Quant à Santarcangelo, elle accueille le triomphe de ses créations. La Fontaine du Pré submergé, La Fontaine de la Grande Place, La Petite Fontaine de Francesca da Rimini, auprès de l’Hôtel Il Villino, La Sangiovesa, moderne revisitation de l’ancienne auberge, écrin d’innombrables œuvres conçues par l’artiste, car “on mange même avec les yeux”. L’Hôtel della Porta conserve une collection des rares mosaïques réalisées par l’artiste. Enfin, à Riccione, face à la mer, la fontaine grandiose intitulée Le Bois de la Pluie se dresse à l’extrémité de l’artère du Viale Ceccarini, en hommage à la fraîcheur qu’elle sait offrir lors des chaudes journées d’été.
(3) Je me souviens ...
Je le sais, je le sais, je le sais
qu'un homme, à cinquante ans,
a toujours les mains propres
et je me les lave deux ou trous par jour
mais c'est quand j'ai les mains sales
que je me rapelle du temps où j'étais un gamin.