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Channel: Bon sens et Déraison
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GEMME DELL'IMPRESSIONISMO

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Edouard Manet, Nature morte aux huîtres, détail, 1862

Allez, après un petit détour par Bordeaux et une pause prise de tête, nous repartons pour Rome. Rome où l'exposition qu'il faut voir et revoir est Gemme dell'Impressionismo !! Nous n'y étions pas du tout allés pour cela : les italiens sont tellement mal organisés que c'est une gageure de savoir quelles expos on va trouver en arrivant. Pourtant, je ne suis pas manchote avec internet mais entre les expos qui n'existent pas alors qu'elles sont annoncées (1) et celles que vous ratez d'un jour ou deux, alors que si vous aviez su, vous auriez décalé votre séjour (2), c'est franchement acrobatique ! Heureusement qu'il y a, comme "Joyaux de l'impressionnisme : peintures de la National Gallery of Art de Washington"à l'Ara Pacis, celles qui se révèlent quand vous arrivez, annoncées nulle part ailleurs qu'à la porte du musée !! On le sait, en Italie, il faut être souple et adaptable, ne pas se crisper sur un désir de visite - le monument peut se révéler incasssible pour 10 ans pour restauration, ou ferme à la suite d'un mouvement de grève ou plus simplement par manque de personnel, à moins que l'argument invoqué, cela nous est arrivé, ne soit la nécessité de faire des économies - mais il faut prendre ce qui vient, et là, c'était vraiment un super cadeau ! Une merveille, visitée en toute tranquillité, alors qu'à Paris pareille exposition ferait salle comble, voire affollata 7 jours sur 7 !!

Eugène Boudin, La plage à Trouville, détail, 1864-65

L'exposition présentait de très nombreuses pièces de la précieuse collection d'Ailsa Mellon Bruce, qui, à sa mort en 1969, légua au musée 153 peintures, essentiellement d'artistes impressionnistes français, achetées avec un goût très sûr et de très belle facture.
La mise en espace, admirablement réalisée, s'organise autour de diverses sections permettant d'admirer un panorama riche et varié du mouvement impressionniste.

Claude Monet, Argenteuil, 1872

La peinture en plein air, qui fascine particulièrement les italiens et que les macchiaoli pratiquaient déjà spontanément, accueille de Monet, Sisley, Pissaro et de nombreux Boudin, dont certains admirés à Paris lors de l'exposition qui lui fut consacrée au printemps dernier.

Vincent Van Gogh, Champ de tulipes, 1883

On y voit aussi deux Renoir assez ratés, des champs de courses de Manet et de Degas et une surprenante toile de Van Gogh dont la partie haute a le teint terreux des mangeurs de pomme de terre et dont le bas éclate en teintes variées annonçant l'évolution coloriste du peintre.

Odilon Redon, Village breton, 1890

On y admirait aussi deux Odilon Redon tout à fait inhabituels, à large aplats lumineux, géométriques et pourtant très poétiques, et des études préparatoires pour "La Grande Jatte", modestes mais charmantes.

Paul Gauguin, Autoportrait dédié à Eugène Carrière, 1888-89

La section "portraits et autoportraits"était, comme il se doit, particulièrement émouvante : autoportraits de Degas, de Vuillard... un Gauguin, saisissant, avec ses reflets verdâtres et sa mâchoire volontaire, pincée,  aux reflets orangés, l’œil aux aguets...

Henri Fantin Latour, Autoportrait, 1861

de Fantin Latour, très touchant... son petit air de faune têtu, regardant le spectateur par en-dessous, cheveux en bataille, farouche en un mot !!

Auguste Renoir, Portrait de Claude Monet, 1872

Il y avait aussi  ce portrait de Claude Monet par Renoir, débordant d'une attention, d'une amitié, d'une sensibilité palpables. C'est vraiment le portrait de "l'ami", une oeuvre complice et presque attendrie.

Berthe Morisot : la sœur de l'artiste à la fenêtre, 1869

Amies et modèles s'ouvrait par le délicat portrait d'Edma par Berthe Morisot, sa soeur, qui fut longtemps sa compagne d'atelier et son modèle de prédilection. Assise devant une fenêtre qui la plonge en pleine lumière, elle regarde rêveusement l'éventail à demi déployé sur ses genoux, et l'on sent dans la touche du peintre toute l'affection qu'elle éprouve pour cette sœur chérie.

Jean-Baptiste-Camille Corot : l'atelier de l'artiste, 1868

Non loin, en hommage aux femmes peintres et modèles auxquelles cette salle était dédiée, une petite merveille de Corot, tant admiré justement par Berthe Morisot, et représentant fort à propos "l'atelier de l'artiste", où une jeune et jolie femme vue de trois quart arrière est plongée dans l'admiration d'une petite toile où l'on reconnait la patte du maître des lieux !! Elle tient à la main une mandoline et sans doute est venue en visite ou s'apprête à poser pour le grand Camille ...

Jean-Baptiste-Camille Corot : l'atelier de l'artiste, détail, 1868

Forain, Degas, Manet (pour deux petits chiens dignes de Vélasquez qu'il admirait tant), Henri de Toulouse Lautrec pour un portrait de Camille Gaudin, et bien sûr, nombre de Renoir qui ont fait bougonner Alter, mais qui étaient tous superbes.

Edouard Manet, Nature morte aux huîtres, 1862

La section dédiée à la Nature Morte comprenait, bien sûr, un Manet, des huîtres bretonnes certes, mais tout à fait bien rendues, plusieurs Fantin Latour,

Paul Cézanne, Nature morte avec pot de lait et fruits, 1900

deux Cézanne dont une table avec un pot de lait et des fruits vraiment sublime, un Renoir sans grand relief et surtout une fantastique motte beurre d’Antoine Vollon.

Antoine Vollon, Motte de beurre, 1875-85

Un peintre lyonnais qu'à mon grand dépit je ne connaissais ni d’Ève ni d'Adam !!! Un nom que je me suis empressée de retenir, son beurre était d'une onctuosité, d'une somptuosité, d'une fermeté absolument fascinantes !!

Edouard Vuillard, Le rideau jaune, 1893

Enfin la dernière section offrait une suite importante de toiles de Bonnard et Vuillard, inégales mais dont certaines étaient fort belles, comme ce rideau jaune, d'une composition audacieuse et d'un chromatisme captivant, un vrai tableau nabi qui ferait comprendre à qui ignore ce mouvement, quelle était l'ambition des peintres qui l'inventèrent. 

Un événement d'importance à Rome que cette exposition consacrée aux joyaux de l'impressionnisme en provenance de Washington, avec des extraits bien choisis et admirablement présentés d'une collection pensée, composée avec un goût très sûr et un sens artistique incontestable. Les salles très claires installées sous l'Ara Pacis se prêtent fort bien à une mise en cimaises aérée, et cette surprise romaine a été l'un des grands moments de notre séjour. Elle dure jusqu'au 23 février 2014... si vous passez par Rome ! Je n'ose dire que cela vaut le voyage mais au prix actuel des billet d'avion ce serait presque possible !

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Notes :
(1) je pense, après notre mésaventure Klimt, et au raté de l'exposition Saraceni du Palazzo Venezia de ce printemps (annoncée du 1er mars au 30 juin de cette année, elle n'a jamais eu lieu), à l’exposition Dosso Dossi, tellement bien prévue que plusieurs agences de voyages l'avaient programmée à leur calendrier, (ici, dans un voyage initialement prévu pour le 15 novembre mais dont la date a été prudemment retirée ... ou encore ici !!) mais dont personne à la réception du Palais Borghese n'a jamais entendu parler !!
(2) Là je fais allusion à l'exposition Antoniazzo Romano Pictor Urbis, prévue à partir du 31 octobre au palazzo Barberini et pour laquelle j'ai tenté, sans succès, d'obtenir une invitation de presse afin de pouvoir vous la présenter, ou encore "Les trésors de Naples : chefs d'oeuvre du musée de San Gennaro", à la Fondation de Rome, l'espace muséal du Corso, exposition qui commençait carrément le jour de notre départ et pour laquelle je n'ai même pas essayé d'être invitée, les grandsjournauxfrançais vous en parlent déjà !! Invités eux !!!

Les photos, provenant du catalogue de l'exposition, balaient l'extrême diversité de cette exposition : pas de peintre représenté deux fois (sauf pour les détails), pour montrer combien le panorama est riche !

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