Le portrait du petit Edouard VI par Holbein le jeune
Holbein le Jeune arrive en Angleterre recommandé par Erasme à Thomas More. Il devient peintre officiel du roi en 1536 et gagne rapidement la confiance du souverain qui lui confie entres autres taches le portrait de son fils, mais aussi la réalisation des portraits de prétendantes dans toute l’Europe, parmi lesquels figure celui d’Anne de Clèves, l’épouse N° 4, qui plut davantage au roi en peinture qu’en vrai. Henri VIII aurait déclaré, preuve de son admiration pour le peintre : «De sept paysans, je pourrais faire sept comtes, mais de sept comtes, je ne pourrais pas faire un Holbein».
Jusqu'au 19 juillet, une exposition savante et didactique se tient au musée du Luxembourg : les Tudors. Une manifestation forte, à la suite d'un vaste programme de recherches et de restauration pour retrouer les couleurs d'origine de certains tableaux, du prêt exceptionnel d’une vingtaine d’oeuvres phares de la collection de la National Portrait Gallery de Londres. On y voit également des oeuvres provenant de nombreuses collections britanniques, dont la Royal Collection, le Victoria and Albert Museum, le National Trust, les Royal Armouries… mais aussi d’institutions françaises telles que la Bibliothèque nationale de France et le musée du Louvre. À recommander à cause de son calme et de son parcours qui met à l’honneur les portraits des membres de cette dynastie qui a régné sur l’Angleterre entre 1485 et 1603. Se faire portraiturer faisait partie de leur programme de "relations publiques", afin de se construire une image à la hauteur de leurs ambitions.
C'est une occasion intéressante de découvrir la Renaissance anglaise et un tournant, particulièrement célèbre, dans l’histoire de l’Angleterre. L’exposition offre aussi l’occasion d’évoquer les échanges, mêlant l’art et la diplomatie, qui enrichirent les rapports entre la France et l’Angleterre tout au long du XVIe siècle. Elle propose parallèlement de décrypter la célébrité des Tudors, particulièrement vive dans la France du XIXe siècle où peintres et dramaturges mettent en scène leurs vies hors du commun, annonçant le succès que des monarques comme Henri VIII ou Elisabeth Iere rencontreront sur les écrans au XXe siècle.
Alors je vous prends par la main pour une visite un peu particulière. Votre rôle ? Pour chacun de ces détails, vous devez trouver "Homme ou Femme" ? Allez, c'est facile, il y a des détails qui ne trompent pas !
Et pour finir, une petite visite rapide des principales sections de l'exposition, illustrée par une curiosité de l'exposition, photographiée pour ma Koka. Une anamorphose d'Edourad VI jeune.
Le vrai visage des Tudors
L’exposition réunit les portraits les plus emblématiques des cinq Tudors : Henri VII (le fondateur de la dynastie), Henri VIII, Edouard VI (l’enfant roi), Marie Ière, Elisabeth Ière (la Reine Vierge). Bonne façon de comprendre la Renaissance anglaise, les pratiques et les spécificités de l’art britannique, en même temps que les grands événements qui ont ponctué l’histoire de cette dynastie. Aux portraits qui révèlent le vrai visage des Tudors, de leurs conjoints ou de leurs prétendants et le faste de leur cour, viennent s’ajouter des objets personnels, comme autant de témoignages qui permettent de mieux connaitre leur vie et leur époque.
Vu de face (il a un grand nez le pauvre !!)
Tudors d’Angleterre et Valois de France : art et diplomatie
L’exposition évoque par ailleurs les rapports entretenus par la France et l’Angleterre tout au long du XVIe siècle. Souvent tendus, entre conflits ouverts et recherche d’alliances, ces liens sont à l’origine d’incessants échanges artistiques dans lesquels le portrait, la miniature en particulier, joue un rôle essentiel. Il faut avoir une petite idée de la tête de celui ou de celle qu'on vous propose pour époux, même si la décision repose plus sur des enjeux politiques que sur une réelle attirance. Des oeuvres viennent ainsi rappeler quelques épisodes clefs dans l’histoire des relations diplomatiques entre ces deux pays : la rivalité d’Henri VIII et de François Ier ; leur rencontre au Camp du Drap D’Or ; les projets de mariage, non aboutis, d’Elisabeth avec l’un ou l’autre des fils de Catherine de Médicis ; sans oublier la menace que fait planer sur le règne d’Elisabeth la reine d’Ecosse, Marie Stuart, qui fut un temps reine de France…
Vu de côté, à partir d'un point précis : il reprend figure humaine
Un mythe s’est construit, surtout dans la littérature et la musique du XIXe siècle, autour de la dynastie en se nourrissant des excès qu’on leur a attribués et du contraste entre les multiples mariages d’Henri VIII et le célibat d’Elisabeth. Cette légende, toujours vivace au cinéma et à la télévision, prend racine dans la France du XIXe siècle qui découvre l’histoire de l’Angleterre, Shakespeare et Walter Scott. A la grande époque du genre historique, les Tudors font leur entrée dans la peinture du Salon. Mais c’est surtout sur la scène des grands théâtres parisiens que de fameux interprètes font revivre Henri VIII et ses épouses, Elisabeth et Marie Stuart, le temps d’une représentation, avec les pièces de Victor Hugo ou d’Alexandre Dumas, les opéras de Gaetano Donizetti ou de Camille Saint-Saens. De la scène à l’écran, il n’y a qu’un pas que franchit Sarah Bernhardt en 1912, la première à incarner Elisabeth dans l’histoire du cinéma.
Dédié à Koka