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Peder Balke, un norvégien à Londres (2)

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vie de l'artiste

L'oeuvre peint de Peder Blake
Détail de Le Cap Nord, huile sur toile, 1845
En dépôt au musée de Tromsø

L'artiste norvégien dont nous avons longuement détaillé la vie, participe, par son oeuvre, au mouvement de fascination pour les représentations d'horizons glacés. Il fait partie d'un des premiers peintres qui nous offrent une approche romantique du Grand Nord : nature sublimée, lumière magique et lointains merveilleux.
Sa carrière commence très tôt mais il reste peu d’œuvres connues de sa jeunesse. L'exposition n'en présentait aucune. Tout son oeuvre peint tourne autour de son voyage de Trondheim à Vardø, réalisé en 1832 et dont il rapporte nombre de dessins et de croquis qui nourriront son inspiration durant toute sa vie d'artiste. Ses souvenirs des "beautés opulentes de la nature et des lieux livrés à l'œil et l'esprit" ne s'affaibliront nullement avec l'âge, allant même jusqu'à être sublimés par la nostalgie et le temps qui passe.

Navire parmi les déferlantes, huile sur toile 1840
Musée de Bergen

Le massif des Sept Soeurs, huile sur panneau, 1845-1850
Collection particulière

Clair de lune sur la côte de Steigen, huile sur toile, 1842
Musée de Bergen

Rade éclairée par la lune à Trondheim, huile sur toile, 1840
Collection privée

Le Cap Nord, huile sur toile, 1840
Collection particulière


L'exposition commençait dans les années 1840 (il avait alors plus de 35 ans) par la présentation de peintures, jolies certes, mais très "classiques". La lumière est souvent déjà la principale protagoniste de ces scènes, baignées d'une étrange clarté, celle qui fait la caractéristique et le charme de ces contrées sauvages. A cette époque-là, Balke désirait ardemment vivre de son art et être prêt à sacrifier aux goûts et attentes de ses éventuels acheteurs. On le sent à son style sage, appliqué et inspiré de ses prédécesseurs, il y a du Horace Vernet dans ses marines, du Hubert Robert dans ses ponts dans la campagne, et quelques réminiscences de Claude Lorrain dans certains de ses éclairages. Lors de son voyage à Paris dans les années 30, il a découvert le romantisme chez ses collègues français et on sent que cela l'a inspiré. Cette période, 1840-1855 environ est productive et "publique" : ses toiles plaisent et même s'il ne vend pas autant qu'il le voudrait (il a tout de même 8 enfants à nourrir !) son talent est reconnu. Il vend des peintures à la cour de Suède, a des acheteurs allemands, bref, son oeuvre plait. Mais ne parvenant pas à être reconnu dans son propre pays, où ses opinions politiques, enfin disons plutôt sociales, choquent certainement la toute petite bourgeoisie locale, il finit par jeter l'éponge sur ses ambitions artistiques, du moins en tant que métier, et se consacre à sa sympathique utopie : la construction de Balkeby.

Nordland, huile sur toile, années 1860
Musée de Stokholm

Stetind dans le brouillard, huile sur toile, années 1860
Musée d'Oslo

Stetind avec un bouleau, huile sur toile, 1864
Musée d'Oslo

Le vieux pont, huile sur panneau, années 1860
Collection particulière

Le Cap Nord, huile sur bois, 1870
Musée de Trondheim

Vendre n'est plus alors son principal souci, il fait autre chose et n'attend plus la produit de ses ventes pour faire vivre les siens. Mais il continue à peindre, avec toujours autant d'ardeur mais plus librement, de façon plus inventive et, partant, plus inventive. Et, on s'en serait douté, c'est à cette période, durant les années 1860-1870 que naît son style particulier et que s'exprime enfin son vrai talent. Sa touche, toujours très expressive, devient légère, presque transparente. Avec, parfois, de brusques empâtements. Il adopte une palette plus subtile, constituée de verts transparents, d'ocres très doux et de gris vaporeux qui rend, de façon particulièrement raffinée, les lumières nordiques et leur enchantement. C'est alors qu'il devient vraiment novateur. Il peut se permettre des improvisations très originales, parfois virtuoses. Il peint un univers minéral et sauvage avec l'ardeur d'un amoureux. On sent la liberté dans son trait : il ne "lèche" plus ses scènes mais les brosse largement, use de la brosse et du pinceau, voire souvent du doigt pour étaler sa pâte. Tant et si bien qu'il est devenu naturel de la classer parmi les précurseurs de la modernité, le véritable inventeur d'une technique prémonitoire des débuts de l'expressionnisme moderne. 

Paysage marin avec falaises (11 x 16), huile sur bois, 1870
Collection particulière

Mer d'orage (13 x 17), huile sur carton, 1870
Drammens Museum

Naufrage (10,5 x 12,7), huile sur carton, 1870
Drammens Museum

Lumières du Nord (10,5 x 15,5), huile sur bois, 1870
Collection particulière

Sur la fin de sa vie, son style évolue encore une fois, de façon très inattendue. Il ne peint plus que de tout petits formats, le plus souvent sur des panneaux à peine préparés qui laissent parfois deviner le fil du bois. Mais surtout, il peint en noir et blanc. Des petits morceaux de mer, de légères marines presque abstraites tant le trait est suggéré et la forme esquissée.

Mont Snøhetta, Dovre, huile sur bois, 1877
Musée de Trondheim

Durant ses dernières années, l'inspiration se tarit, le trait devient mou et les paysages s'affadissent. Balke n'a plus le coeur à peindre, il est malade et fatigué, on a l'impression qu'il n'y croit plus. Ses peintures de la dernière époque sont esquissées, presque naïves.

Pour terminer en beauté, détail de Nordland, années 1860
Musée de Stokholm


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