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Invasion féline sur Internet

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Avec l'aisance qui le caractérise, Internet a refait la légende : en sacrant Harry Pointer inventeur du LOLcat (il a suffi qu'un internaute le prétende et toute la toile le répète en boucle... mais l'époque - les années 1870 - était très porteuse, et le chat habillé est fréquent dans l'imagerie populaire)
Légende de cette image où l'on reconnait parfaitement Pointer en train de fracasser un portrait de chat : "and the LORD said unto Harry, “Come up to me into the mount, and be there: and I will give thee photos of kitties, and humorous subtitles which I have written; so that thou mayest distribute them to the masses.” – Exodus 24:12"


C'est une marotte, c'est une manie et cela vire même parfois à l'obsession : vous ne pouvez plus faire deux clics sur la toile sans vous trouver nez à nez avec ... un chat. Un chat débile de préférence : un en trouve un peu partout, sur les blogs personnels bien sûr où les chats sont des protagonistes très appréciés - le commentaire est facile et le taux de retour conséquent - mais aussi dans notre boîte mail, sous forme de blagues, de mises en scène, etc... et surtout sur les réseaux sociaux où ils font carrément un tabac. Ce sont parfois des photos mais aussi très souvent des vidéos, qui font craquer tout le monde ... ou presque : le chat mignon est celui qui attendrit le plus les foules :


5 200 000 visites 

plus de 17 500 000 visites ...

le top étant atteint avec cette compilation (14 minutes excusez du peu, je vous avoue n'avoir pas eu le courage de regarder !!) qui dépasse les 32 000 000 de visites.

Je pourrais vous en mettre des milliers, toutes avec des records d'audience impressionnants. Mais d'où nous vient ce phénomène ? Qui vire souvent à l'addiction, sans prendre le moins du monde conscience de son côté répétitif, godiche et réducteur. Certes, l'empathie envers les animaux, surtout les animaux domestiques - plus propres à singer nos comportements, donc plus caricaturaux ou, selon les cas, plus attendrissants - permet de créer des fils sur la toile qui font l'unanimité, permettent le commentaire complaisant et facile, et l'éclat de rire à bon compte. Mais sapristi pourquoi le chat ??


Le chat, ou mieux le chaton, a toujours été apprécié des foules avides de "petits riens" pour se distraire...


....on n'a pas attendu les accros de la toile pour en faire un support publicitaire, un sujet de cartes postales ou une illustration de chromolithographies pour enfants sages et parents rassurés. La factrice des années de notre jeunesse proposait, lors de sa traditionnelle visite de vœux, autant de calendriers avec des chats que tous autres motifs confondus, et ce, depuis des lustres.


Rien que de très normal alors que, dans les années 2000, le matou soit devenu l'hôte tous azimuts, décliné à toutes les sauces, des surfeurs en mal d'émotions. Le chat mignon, le chat débile, le chat anthropomorphe, le chat de mauvaise humeur, le chat méchant, tout y passe et chacun y va de sa petite invention pour attirer les clics.

Tout est parti, nous dit-on, à partir "d'une initiative de blogueurs politiques qui, au début des années 2000, ont commencé à poster une photo de leurs chats tous les vendredi. C'était la seule chose qui les mettait d'accord !, raconte un blogueur qui suit de près le phénomène des chats sur Internet. Par la suite, 4chan [un forum hyper actif et très controversé à l'origine de nombreux buzz] a récupéré le mouvement en 2005 en créant le 'Caturday'. Le principe était de publier des photos en ajoutant des légendes rigolotes. C'est ainsi que sont nés les fameux "LOLcats". "Ce sont des photos marrantes de chats qui font des choses étranges avec une phrase humoristique écrite dans un anglais phonétique - un dialecte connu sous le terme de "LOLspeak'"selon Emily Huh, éditrice de Icanhascheezburger.com, le blog qui a popularisé les LOLcats." Au point que la ville de Minneapolis a accueilli le premier festival international du Lolcat le 30 août 2012 où l’on désigne la meilleure vidéo de chat.

Carte de Harry Whittier Frees, 1905

Il s'agissait donc, à partir des photos de nos animaux préférés, de créer un sentiment d’appartenance, ces derniers permettant, de façon indirecte, d’exprimer des émotions, et surtout de les partager avec les autres. Et, en la matière, le chat part avec un capital sympathie nettement supérieur à celui du chien : petit format, facile à prendre en photo, mettant son nez partout, souvent proche de l'internaute, il est facile à saisir pour envoyer très vite un LOLcat sur la toile. Son image, culturellement, est déjà très "reconnue" : vénéré par les égyptiens, diabolisé (c'est utile sur internet) au Moyen-Age, très apprécié dans nombre de civilisations, particulièrement asiatiques, le chat est souvent synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Mais surtout, la figure du chat incarne des valeurs comme l’autonomie, la liberté, l’individualisme, voire l'égoïsme, très en pointe dans  la société actuelle.


On a ainsi défini une sociologie des amateurs de chats sur la toile :
Il existerait même une sociologie des passionnés de LOLcats:
– les gens qui aiment les chats et qui partagent ces contenus pour faire sourire
– les geeks qui détournent les LOLcats pour créer des contenus à haute (??) teneur en culture web (ah bon !!) que seuls les initiés comprendront
– les novices qui partagent les contenus de façon occasionnelle
Et pour tous, on s'active à expliquer, études pseudo-scientifiques à l'appui, que regarder des vidéos de chat pendant des heures seraient une excellent échappatoire, un moment de détente bénéfique, voire une source de créativité. Deux chercheuses britanniques en psychologie de l’université du Central Lancashire – Sandi Mann et Rebekah Cadman – viennent même de confirmer cette hypothèse. Les japonais, toujours sur le mode scientifique, ont même démontré que pour bien démarrer la journée il faudrait donc prendre un café, une viennoiserie et un LOLcat ! Du coup, une entreprise a même fait fort,  encourageant, moyennant 5000 yens (environ 35 euros) par mois, ses salariés à venir chaque jour travailler avec leur chat ! On avait déjà les bars à chat, voilà les bureaux miaou !! Et tant pis pour ceux qui sont allergiques au poil de chat ...


Du coup, les gens de marketing n'ont pas laissé passer l'aubaine, car on sait désormais qu’inclure un chat dans une campagne publicitaire attire favorablement l’attention, marque plus sûrement les esprits. Il était donc inévitable que les marques se soient emparées du phénomène. Témoin le sport de Bouyghes, qui a déjà attiré plus de 3 000 000 de clics. Tant pis si vous le trouvez franchement niais, c'est que  vous n'êtes carrément pas dans le coup.



Certains se sont même, sans l'avoir prévu, fourvoyé, ainsi la compagnie d’assurances suédoise Folksam mettant en scène des chats qui s’initient au parachute sur le morceau «I Believe I Can Fly» de R. Kelly, ont, à leur grande surprise essuyé un retour de buzz négatif avec la montée au créneau des associations de protection des animaux qui pensaient qu’ils avaient réellement balancé des chats d’un avion … Toyota met en scène un chat dans son spot pour la Corolla où ce dernier est prêt à tout pour remonter dans la voiture de ses rêves.


Et tant d'autres ... On imagine volontiers que l'une des raisons de ce succès est le caractère fortement individualiste des chats : lorsqu’un félin veut faire quelque chose, il n'attend pas le moment où son maître tourne la tête (comme le chien qui fait des bêtises en douce ou pour attirer l'attention), il le fait quand il en a envie, parce qu'il en a envie, sans autre forme de procès. Il n'en fait qu'à sa tête. Il a, par ailleurs, une autre qualité qui plait en ces temps troublés : il retombe toujours sur ses pattes, contrairement à la malheureuse tartine beurrée de Murphy qui, selon la loi de l'emmerdement maximum, tombe, elle, toujours côté beurre. Et puis, surtout, le chat n'est pas vraiment drôle : il dort 18h par jour, il ne court même pas après la balle qu’on lui envoie et dont il se fiche éperdument, il est souvent arrogant avec sa fâcheuse tendance à n’aller vers  son maître qu’en cas de besoin.. et pourtant, parfois, il prend des poses inattendues, des expressions rigolotes, voire carrément caricaturales. Il n'est pas drôle mais il fait rire.


La dernière caractéristique qui fait du chat le vecteur idéal des plaisanteries sur internet est qu'il est l'animal préféré des introvertis, qui préfèrent la compagnie d’un chat qui n’a pas beaucoup de besoin à celle d’un chien qu’il faut sortir, dont il faut s'occuper, faire jouer, laver, voire à qui il est bon de parler un peu ! Or les geeks, entendez les mordus de techniques informatiques, sont souvent des introvertis, plus à l'aise face à leur écran qu'avec leurs semblables, et ont tendance à passer beaucoup de temps à surfer sur le web... leur chat allongé près du clavier.


Mais ce que les ardents défenseurs de la gent féline et autres irréductibles des chatteries sur les réseaux sociaux ignorent, c'est que finalement, tout cela, tout romantique et attendrissant que cela puisse paraître, n'est qu'une question de toxoplasmose. Or l'élément responsable de la toxoplasmose est un protozoaire appelle le toxoplasma gondii et c'est un parasite. C'est à dire que, pour survivre, il a besoin d'un autre organisme, à sang chaud de préférence. Donc, pourquoi pas les hommes ?? Il se loge à l'intérieur de nos cellules, bien à l'abri de notre système immunitaire. Or, le toxoplasma gondii peut parfaitement vivre dans nos cellules, mais, le malheureux, il ne peut pas s'y reproduire. Il ne peut se reproduire, et c'est là que le bât blesse, que sur les chats.

Voilà, vous avez compris : alors que nous, pauvres humains, ne sommes pour ce parasite que des hôtes intermédiaires, les félins sont eux, leurs hôtes définitifs. Le toxoplasma gondii est, nul ne peut l'ignorer, le responsable d'une infection, la toxoplasmose qui, dans la majorité des cas n'a aucun symptôme. Absolument bénigne, elle ne cause aucun dommage. Pourtant, le parasite, qui s'est, nous l'avons dit, installé dans nos cellules, aime aller se loger dans l'amygdale, une région du cerveau responsable du sentiment de peur, mais aussi de l'émission d'un neuro-transmetteur, la dopamine, mieux connue sous le nom d'hormone du plaisir (ou du désir). C'est ainsi que les rats infectés par le toxoplasma gondii n'éprouvent plus de peur en sentant de l'urine de chat, réaction normale et salutaire qui leur permet de s'en tirer vivants, mais au contraire, damned, ils ressentent de l'excitation sexuelle. Ce qui, bien évidemment, va avoir l'effet inverse de ce qui les sauverait : ils vont aller à la rencontre du chat, au lieu de le fuir. Et cette altération du comportement n'est pas propre au rat : elle touche aussi l'homme ! Qui ressent, du coup, un désir irrépressible d'être au contact de chat, d'en caresser et surtout d'en posséder un. Pour lui refiler son fameux parasite qui, là, pourra enfin de reproduire. Or cette infection parasitaire touche entre 25 et 50% de la population humaine mondiale. Oui, mondiale ... vous saisissez maintenant pourquoi il y a tant d'humains sous influence sur internet qui bêtifient à qui mieux sur les minous, les chatons, les greffiers, les matous, les mistigris et autres félins. Ils sont au service du toxoplasma gondii et dévoués à la cause de sa survie !!! Les pauvres, on n'a donc même pas le droit de se moquer d'eux, ce que, vous avez remarqué, ce billet se garde bien de faire ....


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