Jaume Plensa est catalan, au faîte de sa carrière, talentueux et carrément bel homme ! Si l'on ajoute à cela qu'il est sculpteur et fort cultivé, passionné de littérature et de musique, ses œuvres ont quelque chose de très attachant, voire, parfois, de carrément fascinant. Bordeaux lui a consacré cet été une exposition "publique", dans le sens où ses œuvres monumentales, faites pour la rue, la foule et le grand air, étaient éparpillées sur la "place publique", enfin plus justement sur les places de la ville. Il semble qu'il ait particulièrement "accroché" avec la capitale de l'Aquitaine, ville, dit-il, dont "je ne soupçonnais pas l’harmonie et qui cherchait à me raconter son histoire". Sensation qui l'a d'autant plus séduit qu'il refuse de poser ses sculptures quelque part, sans autre forme de procès : il veut un échange, une "empreinte à double-sens qui provoque chez lui un sursaut, qui ouvre un nouveau chemin dans son oeuvre". De son coup de cœur pour Bordeaux, Plensa a fait naître trois œuvres spécialement créées pour l'événement.
Tout d'abord deux superbes têtes féminines de 7m de haut, installées dans des endroits sublimes, douces, rêveuses, pleines d'une étrange poésie immobile. L'une Sanna, est dressée place de la comédie, face au théâtre de Louis, avec la Garonne en ligne de fond.
L'autre, Paula, posée en fière gardienne de la cathédrale Saint André, sur la place Pey Berland, semble à quelques détails imperceptibles, sa jumelle. Toutes deux, coulées dans une fonte de fer à la chaude patine brune, invitent de leur énigmatique sourire le spectateur à leur tourner autour : en effet, leur forme aplatie ne permet de dévoiler leur vrai visage que grâce à un lent cheminement autour de la statue. De leurs formes enfantines, délicatement arrondies, de leurs yeux presque clos, de leur grosse natte sombre se dégage une envoûtante quiétude, surtout quand on les voit, comme nous l'avons fait, de nuit. On les devine, puis on les découvre, on les contourne le nez en l'air, puis on s'éloigne pour mieux les "écouter".
L'autre, Paula, posée en fière gardienne de la cathédrale Saint André, sur la place Pey Berland, semble à quelques détails imperceptibles, sa jumelle. Toutes deux, coulées dans une fonte de fer à la chaude patine brune, invitent de leur énigmatique sourire le spectateur à leur tourner autour : en effet, leur forme aplatie ne permet de dévoiler leur vrai visage que grâce à un lent cheminement autour de la statue. De leurs formes enfantines, délicatement arrondies, de leurs yeux presque clos, de leur grosse natte sombre se dégage une envoûtante quiétude, surtout quand on les voit, comme nous l'avons fait, de nuit. On les devine, puis on les découvre, on les contourne le nez en l'air, puis on s'éloigne pour mieux les "écouter".
La troisième oeuvre créée tout spécialement pour Bordeaux est un autoportrait très suggestif installé place Camille Julian : elle appartient à la série des créations transparentes, de celles qui permettent à travers elle de lire le paysage urbain qui le entoure.
Ramassé en position méditative à l'intérieur d'une sphère composée de lettres latines et arabes, de sigles mystérieux et de mots improbables, le sculpteur s'est placé symboliquement au centre des différentes cultures que ces signes évoquent, au cœur de son oeuvre et au cœur de la ville.
Ramassé en position méditative à l'intérieur d'une sphère composée de lettres latines et arabes, de sigles mystérieux et de mots improbables, le sculpteur s'est placé symboliquement au centre des différentes cultures que ces signes évoquent, au cœur de son oeuvre et au cœur de la ville.
Les autres œuvres sont déjà connues : la maison de la connaissance (house of knowledge) est une grande forme humaine assise selon la position désormais traditionnelle de l'artiste, genoux repliés contre la poitrine et ouverte (mais il est interdit d'entrer !!). Composée de lettres soudées les unes aux autres, au message indistinct, elle laisse deviner à travers elle la place de la Bourse.
Sur la toute petite place Saint Pierre, Silent Music II égrène ses notes de musique muettes, ses dièses et ses bémols face au portail de la vieille église d'où ils semblent sortir. L'artiste raconte qu'enfant, il aimait s'installer sous le piano de son père et cette sculpture, calme et discrète, illustre plaisamment l'expérience vécue alors, et la perception par son corps immobile de la vibration des notes. A travers le langage universel de la musique, Plensa nous parle à son tour.
Pris par le temps et noyés par les intempéries, nous n'avons pu toutes les voir. J'ai effectué quelques montages à partir de photos trouvées sur le net. Dans le jardin public, Heart of trees se composait de sept hommes, recouverts des noms épars de compositeurs, et entourant de leurs bras et de leurs jambes des arbres réels dressés au-dessus d’eux comme des totems protecteurs.
Assis sur des mats, les trois Poètes de l'Esplanade Edmond Géraud auraient pu surveiller le fleuve s'ils n'avaient été murés dans leur dramatique solitude : reprenant le thème des trois singes qui se bouchent successivement les yeux, la bouche ou les oreilles, ils contrastaient avec les hommes de lettres et de mots qui émaillaient le reste du parcours.
Ainsa I, qui venait de la Washington University in Saint Louis (Missouri) et Ainsa II, aux lettres réduites à de simples formes sans signification immédiate mais élégamment entrelacées, se répondaient à quelques centaines de mètres de distance. Ainsa est le nom du petit village médiéval, proche de Huesca dans les Pyrénées aragonaises, où l'artiste choisit les blocs de pierre sur lesquels il fait souvent reposer ses figures. Pour finir, mais nous ne les avons pas vues non plus car le portail était fermé, Marianna et Awilda, transparentes et aériennes, dialoguaient infiniment dans la cour minérale du Palais Rohan.
Ainsa I, qui venait de la Washington University in Saint Louis (Missouri) et Ainsa II, aux lettres réduites à de simples formes sans signification immédiate mais élégamment entrelacées, se répondaient à quelques centaines de mètres de distance. Ainsa est le nom du petit village médiéval, proche de Huesca dans les Pyrénées aragonaises, où l'artiste choisit les blocs de pierre sur lesquels il fait souvent reposer ses figures. Pour finir, mais nous ne les avons pas vues non plus car le portail était fermé, Marianna et Awilda, transparentes et aériennes, dialoguaient infiniment dans la cour minérale du Palais Rohan.