Je n'avais pas trop l'intention de vous resservir un article sur le sujet, Alter veillant toujours activement au grain pour que je ne me répète pas ... mazette, avec déjà presque 1700 articles (ceci est le billet n° 1691 !!), cela devient de plus en plus ardu !! Mais l'indulgence de mon lecteur-commentateur, Michel de Lyon, toujours si attentif et fort perspicace, me pousse à ce petit billet "facile" ! Et après tout, savoir comment se passe ce genre d'initiative est un juste complément au premier article, plein d'enthousiasme, qui suivit la pose de la "boîte". D'ailleurs le challenge - faire un billet pas trop plat sur un sujet aussi simplet - vaut bien celui posé cet été par un ami sur le thème du "jeune homme pour l'été". Je me suis même livrée, en l'honneur de l'ami lyonnais, à un petit exercice de "paparazza" pour lui montrer l'engin en fonctionnement. Mais soyez rassurés, en temps normal que j'évite soigneusement de "surveiller" ma librairie-libre, les gens étant mal à l'aise dès qu'ils me voient.
Installé début juin, le carrelet a d'abord connu une fréquentation "locale". Un de mes fidèles prit, à cette époque, l'habitude d'y déposer, comme des offrandes au demeurant pleines d’intérêt, quelques livres choisis, supposés d'après son observation des ouvrages que j'avais déposés, pouvoir m'intéresser. C'est ainsi que je trouvais, et pris (malgré mon désir de vider mes propres rayons) un livre de Le Roy Ladurie sur l'histoire du climat depuis l'an Mil.
Mais le plus sympathique est que ce lecteur reconnaissant glissait dans chacun des bouquins déposés un petit mot, commentaire, impression, réaction à l'écrit et conseil de lecture (approfondie ou en zig-zag), n'hésitant pas à me dire qu'il n'avait pas trop aimé mais que cela pourrait peut-être me plaire. Et tout ces petits "courriers"étaient signés "B". Je lui répondis ponctuellement, lui proposant même de sonner et de se faire offrir un café, mais il préféra rester discret. D'ailleurs, très vite, notre correspondance devint impossible car, dès les premiers jours de l'été, la bibliothèque commença à "tourner" très fort et très vite, rendant ces échanges impossibles.
Les premières réactions furent toutes pour admirer la petite construction en bois de Pascal, et, ce dernier travaillant sur la terrasse située entre la rue et la maison, il eut maintes fois l'occasion de recevoir des félicitations, en direct, de passants qui admiraient son travail. La cabane aux livres d'ailleurs mille fois photographiée et on devrait la voir apparaître d'ici peu sur le net. D'autres se réjouissaient de l'idée de l'échange de livre, à tel point que Madeleine, qui, je ne sais pourquoi, a eu beaucoup plus d'échos que moi, répondait à ceux qui la congratulaient "Ah ! non, ce n'est pas moi qui l'ai fait ce carrelet : l'idée, c'est mon amie et la réalisation, c'est mon mari" !! Certains ont dû se poser des questions sur l'organisation dans cette drôle de maison.
Durant tout le mois de juillet, j'entraînais systématiquement tous nos visiteurs vers la "petite librairie", et leur montrais fièrement la chose. Un ami, à qui je disais en riant que j'y avais déniché le "fameux" (mais démodé) Rapport Hite (connu de nom mais jamais lu !!), fronça les sourcils et crut bon de me mettre en garde :
Durant tout le mois de juillet, j'entraînais systématiquement tous nos visiteurs vers la "petite librairie", et leur montrais fièrement la chose. Un ami, à qui je disais en riant que j'y avais déniché le "fameux" (mais démodé) Rapport Hite (connu de nom mais jamais lu !!), fronça les sourcils et crut bon de me mettre en garde :
- Tu dois surveiller le contenu de ton carrelet... il ne faut pas tout laisser, on te chercherait des noises
- Oh, tu sais, le rapport Hite, c'est très sérieux, c'est pas vraiment de la pornographie... puis, par les temps qui courent, cela semble bien inoffensif !!
- Ah mais, pas seulement cela ... s'il y avait, par exemple, des livres négationnistes, ou sectaires.
J'ai retenu le conseil, et même, je suis d'un naturel très obéissant, enlevé un livre sur l'état d'Israël, mais j'avoue que je ne me sentais guère responsable de la moralité des livres déposés. D'autant que si le contenu initial de l'armoire fit dire à certain passant "et en plus, il y a de sacrément bons bouquins là-dedans", il a rapidement évoluer : sans parler du guide de la Suisse datant de 1950, que j'ai rapidement mis à la poubelle, ou du catalogue des aires de camping-car de 1990 qui a suivi le même chemin, l'inventaire s'est vite "enrichi" d'une collection impressionnante de littérature sentimentale, où Harlequin et J'ai Lu tenaient le haut du panier. J'ai laissé ces romances, car finalement cela semblait être les livres les plus appréciés. S'y est ajoutée une jolie pile de policier, pas toujours de première fraîcheur, genre roman de gare et SAS ou Brigade Mondaine ! Quelques livres en anglais, d'autres en italien, de rares livres pour enfants complètent l'inventaire.
Les réactions, je le disais, sont toutes souriantes, enthousiastes, voire admiratives (l'exploit n'est pourtant pas bien grand). Même ma voisine, qui entretient avec moi des rapports, disons ... distants et ne me "voit" jamais, m'a interpellée l'autre jour de jardin à jardin : "ça a l'air de marcher votre truc"... mais oui, Madame, ça a très bien marché ! Nombre de passants disaient qu'ils connaissaient les livres déposés sur un banc ou sur un banquette de train, mais qu'ils n'avaient pas encore vu de "petite librairie". D'autres m'ont raconté celle de leur ville ou de leur village. Certains pensent qu'il s'agit là d'une initiative municipale et trouvent que Meschers a un maire très attentif à la culture... ben voyons. La réflexion la plus énervante, entendue par Madeleine (encore elle, mais comment fait-elle ??) disait, avec cette propension particulière qu'ont nos contemporains à toujours "récriminer", "Ah, oui, c'est bien, MAIS"ils" devraient en mettre partout dans la ville"... mais bien sûr ! On en a un, on en voudrait d'autres.
L'anecdote la plus amusante concerne ma coiffeuse, qui, ravie, contemplait le carrelet plus que les livres, quoiqu'elle soit grande lectrice.
L'anecdote la plus amusante concerne ma coiffeuse, qui, ravie, contemplait le carrelet plus que les livres, quoiqu'elle soit grande lectrice.
- Quelle bonne idée, j'ai toujours rêvé d'un carrelet !! Il est adorable...
- Prends des livres, tu peux, même si tu n'en as pas, il y a en assez pour tout le monde.
- Oui, oui, merci, mais qu'il est mignon ce carrelet.
Quelques temps après, elle m'annonce, toute fière et le visage rieur :
- Moi aussi, j'ai mon carrelet !
- Ah, tu en as fabriqué un ?
- Non, non, je l'ai acheté.
- Tu en as trouvé un tout fait ?
- Mais oui... ici, à Meschers !!
Elle s'était offert, ou fait offrir, pour son anniversaire, un vrai carrelet sur la falaise de Meschers ! A force de parler de son rêve, il s'est réalisé !! D'ailleurs, si elle le transformait en petite librairie libre, elle aurait drôlement plus de place que moi (ce qui n'est nullement le cas, bien sûr : elle ira s'y détendre ... et lire !).
Car, si on m'avait annoncé le risque d'être pillée, dévalisée proprement et simplement, et de retrouver mes bouquins aux puces à 50 centimes - y a pas de petit profit -, ce fut le contraire qui arriva. Le carrelet débordait de tous côtés et j'ai dû y faire un tri draconien, jetant tout ce qui était en mauvais état, trop vieux ou manifestement sans intérêt, et il est, malgré un énorme sac porté au "container papiers" encore bourré comme un œuf. Je soupçonne certains d'avoir sauté sur l'occasion pour ranger leurs étagères et se débarrasser de leurs nanars en toute bonne conscience. Plus moyen d'écouler mes propres livres, dont la pile s'est encore étoffée suite à des rangements estivaux ! On m'a donné divers conseils, en particulier de laisser une petite boîte en indiquant "prix 1€", au motif que les gens se méfient de ce qui est gratuit, et préfèreront avoir l'impression de faire une bonne affaire en "volant" le livre !! Mais cela ne m'a pas convaincue et j'ai donc pris une mesure drastique : SERVEZ-VOUS !! Pourvu que ça marche !!
Car, si on m'avait annoncé le risque d'être pillée, dévalisée proprement et simplement, et de retrouver mes bouquins aux puces à 50 centimes - y a pas de petit profit -, ce fut le contraire qui arriva. Le carrelet débordait de tous côtés et j'ai dû y faire un tri draconien, jetant tout ce qui était en mauvais état, trop vieux ou manifestement sans intérêt, et il est, malgré un énorme sac porté au "container papiers" encore bourré comme un œuf. Je soupçonne certains d'avoir sauté sur l'occasion pour ranger leurs étagères et se débarrasser de leurs nanars en toute bonne conscience. Plus moyen d'écouler mes propres livres, dont la pile s'est encore étoffée suite à des rangements estivaux ! On m'a donné divers conseils, en particulier de laisser une petite boîte en indiquant "prix 1€", au motif que les gens se méfient de ce qui est gratuit, et préfèreront avoir l'impression de faire une bonne affaire en "volant" le livre !! Mais cela ne m'a pas convaincue et j'ai donc pris une mesure drastique : SERVEZ-VOUS !! Pourvu que ça marche !!