FESTIVAL DES JARDINS DE CHAUMONT SUR LOIRE (3)

Encore un confessionnal, une barraque de bois au centre de 7 petits jardins : une cascade qui figure la colère, un miroir d’eau pour l'orgueil,  un goutte à goutte pour l'avarice, un marécage pour la paresse, une oasis pour l'envie,  une fontaine en forme de « Bocca della Verita » pour la gourmandise, et enfin une grotte pour la luxure. On parcourt les espaces dédiés aux péchés ou on s'installe dans le confessionnal où on peut les regarder à travers le prisme de jumelles qui modifient légèrement notre point de vue. A nous de choisir, et de succomber, ou non !

Vous ne savez pas ce que sont vos péchés ?? Vous venez à confesse sans avoir la moindre idée de ce que vous allez raconter et de ce sont il faut vous repentir ? Ce jardin est fait pour vous : comme Thomas d’Aquin, au XIIIème siècle, a conceptualisé l’idée des péchés capitaux, vous trouverez ici de quoi démêler au mieux l'analyse de vos pulsions et de vos travers. Au milieu de plantes vertes et poteaux de bois noirs, vous allez cheminez sur des allées de gravier noir vers le confessionnal au centre duquel, dans le cercle parfait d'un miroir se reflètent le ciel et les nuages. Au cours de votre progression, vous découvrez, sur de petits drapeaux blancs, l'énoncé de fautes graves ou vénielles, que vous avez sans doute commises, un jour ou l'autre !! 

Allez savoir pourquoi, mon jardin préféré... pas très photogénique malheureusement, raison de plus pour aller à Chaumont, faire votre propre tiercé gagnant ! Ici, les péchés sont perçus comme des sources de force vitale et d’énergie capables de briser le macadam. Dans les creux, dans les failles, la végétation se glisse peu à peu, du noir naît, l'espoir... et cette masse sombre s'ouvre enfin  la forêt originelle composée de fougères, prêles et mousses. C'est d'une beauté qui invite à la méditation.


Ici, par l'intermédiaire ancienne légende issue de la mythologie Maori, le jardin parle de la colère. Cette légende raconte que les volcans Taranaki et Ruapehu, autrefois amis, tombèrent tous les deux éperdument amoureux du volcan Tongariro. Une violente dispute éclata entre eux et brisa leur amitié. La végétation est tropicale, et les 3 volcans qui se dressent au milieu d'un sol minéral fument, de colère, de jalousie, d'amour !!


Ce jardin invoque, en lieu et place des péchés de nos ancêtres, les vices de la société et ces péchés d’excès qui provoquent la pollution et les changements climatiques. 3 types de jardins représentent l’évolution de notre terre : arbres morts et les empilements de rectangles symbolisent les déchets et les excès de consommation ; sur la passerelle centrale, des ardoises émergent du sol et se dressent comme des pièges pour nous faire chuter ; au fond, enfin, au bout de cette ligne droite, le sol est désertique et brûlé il n'y pousse que quelques cactus aux épines acérées. Le jardin est baigné dans une forte odeur de caoutchouc chaud, prenant, qui accentue l'aspect désolé de cet ensemble que nous nous ingénions à parfaire !



Encore un jardin sur nos méfaits en matière d'écologie : tout en pelouse américaine (ou en green de golf pour touristes dans les pays d'Afrique du nord) , toujours verte, "parfaite" ... Par vanité, et au mépris de l’utilisation des ressources, quelles que soient les conditions locales, les propriétaires sont tous à la lutte pour avoir la plus belle pelouse du quartier. Arrosages, tonte, coupe des bordure et produits chimiques à n’en plus finir, peu importe le coût environnemental. GREEN without GREED propose de créer un jardin verdoyant dynamique grâce à l’utilisation insolite de gazon synthétique, plus vrai que nature. Dans cette oasis synthétique, la vanité n'a plus droit de cité !! Par contre, il y fait une chaleur diabolique, le plastique n'absorbe les rayons du soleil que pour les restituer, sauvages !!


C'est un faux pêcher, aux teintes légères et tendres, évoquant l'intérieur juteux de son fruit, son épiderme velouté, ses tons variant du rose pâle au rouge sang, qui illustre gourmandise et sensualité. Le chemin, entièrement recouvert de noyaux de pêches, nous conduit vers cet arbre aux couleurs séduisantes. Deux petites collines aux pentes douces, au centre desquelles poussent des herbes folles, évoquent les jambes  et le sexe d'une femme, c'est voluptueux et tentant en diable.


Que viennent faire les poules ici ?? C'est une fable liée aux péchés d’orgueil et d’envie. Les poules figurent les Hommes et les Hommes se prennent pour des dieux. Les poules vivent dans ce jardin créé par les dieux, elles gaspillent tout, chapardent et détruisent, elles profitent sans retenue de ce qui est mis à leur disposition. A droite les poules, qui représentent l’Humanité, qui vit sans aucune modération, et à gauche, le potager qui lui apporte nourriture à profusion. Pourtant les volatiles approchent de l’Eden sans jamais parvenir à l’atteindre et se faufilent avec insouciance au travers du jardin potager. Une judicieuse évocation de l’inconscience et de l'inconséquence humaines. Où votre Michelaise termina sa visite en poussant son "célèbre" cri du coq, qui laissa ces dames gallinacées toutes perplexes.



Mais si vous allez à Chaumont, bien d'autres installations, jardins et coins secrets vous attendent !! Il faut prévoir, pour visiter le lieu, une grande journée d'où l'on sort fourbu mais heureux...

Les photos de cet article sont, presque toutes, des clichés personnels, sauf quelques unes, prises sur le site du Festival et sur lesquelles j'ai laissé la signature.